Les articles de l'Année 2002

 

REFLEXIONS ET ANALYSES  : 
Memorandum Secret Au President George W. Bush : M. Gurfinkiel analyse la riposte américaine après les attentats du 11.09 par rapport à la riposte israélienne. 09/01
Comment expliquer à David : Philippe GUMPLOWICZ,Marc LEFEVRE,André TAGUIEFF   Libération, vendredi 04 janvier 2002 : De la difficulté de faire comprendre à l'enfant d'une famille juive laïque  que, dans le conflit israélo-palestinien, le fort et le faible ne sont pas  ceux qu'on croit.
Un samedi soir banal : Temoignage authentique de la vie sous les attentats. Reçu de la liste de diffusion de Modia : (www.modia.org). Par le Docteur Jacques Bronstein, opthalmologue a Jerusalem drjbron@netvision.net.il
Le Roman d'un Menteur  Par Michel Gurfinkiel
Les Arabes veulent toujours détruire Israël, Israël n'est pas l'obstacle à la paix. par Daniel Pipes. 20.01.02
La notion de "cycle de la violence" est un mensonge moyen-oriental
By Yossi Klein Halevi. Traduction de Bernice Dubois spécialement pour "Reponses-Israel".24.01.02
 "J'avais tort de croire à Oslo. Les leaders palestiniens ont historiquement toujours fait les mauvais choix." Le Professeur Bernard Lewis à propos de Bin Laden, l'Intifada, et la nouvelle menace iranienne. Traduction CID - Pinhas Konopnicki spécialement pour Reponses-Israel 09.02.01
Qui est l'ennemi Par Daniel Pipes, Commentary, janvier 2002. Traduit de l'anglais par Norbert Lipszyc spécialement pour Reponses-Israel 
Le cliquetis salutaire des casseroles iraquiennes ! (05.02.02) Par Jean Tsadik © Metula News Agency : Retrospéctive Sur Chirac et Chévenement dans leur relation avec l'Irak
Quelle Autorité Palestinienne? Editorial, The New Republic.Traduit de l'anglais par Maurice Zajdenweber. 11.02.02
Ecoutons Bien Abdallah Ibn Abdelaziz Par Michel Gurfinkiel. Diffusé sur RCJ le 3 mars 2002

LA PRISE DE POSITION IMPARTIALE DES NATIONS :
Selon un hebdomadaire flamand, le Juif est un "ténia" : Source : CJE. Article antisémite particulièrement violent.
La Palestine à l'heure de l'apartheid
Jeudi 27 décembre 2001 (LE MONDE). Vous pourrez lire aussi une Réponse à cet article par un collectif paru dans le Monde du 21.01.02
Quand Tsahal détruit ce que le contribuable européen a financé • ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU MONDE DU 29.01.02

SOUTIEN A ISRAEL : 
Ma part de vérité, par Limor Livnat Jeudi 20 décembre 2001 (LE MONDE)
UNE INTERVIEW AVEC LE JOURNALISTE ARABE ISRAÉLIEN YOSSEF SAMIR  in Outpost, décembre 2001 
Bernard-Henri Lévy commente le livre de Guy Konopnicki, « La faute des juifs » 08/02/02

LE POINT DE VUE PALESTINIEN
les Juifs répandent le SIDA en Asie et en Afrique. Source : revue scientifique subventionnée par le gouvernement égyptien. Reçu de MEMRI
Extrait des programmes de la TV palestinienne : Sermon du vendredi sur la télévision palestinienne
 Le quotidien égyptien Al"Akhbar: "Merci à Hitler." Par James Mortimer, Associated Press 20.02.02

 
L'ANTISEMITISME
Conference : " de l´antisemitisme a l´antisionisme " -Organisee par le bne-brith au senat - octobre 2001- Reçu de formation d'idée
Antisémitisme : enfin on en parle ! Par Patrick GAUBERT  Le Figaro, 15 février 2002

 reçu de formation d'idée
Empêcher que la critique d’Israël dérive dans l’antisémitisme
 Alain Finkielkrault  - 21 Février 2002 (Source : Arouts 7)
 
 Reçu de formation d'idée
La banalisation des actes antijuifs, nouvelle cause de tensions urbaines LE MONDE 19.02.02 reçu de formation d'idée
Évaluation des responsabilités des dirigeants israéliens 
et palestiniens dans l’échec des négociations de paix de 
 Camp David/Taba 
 par René Schwok, Professeur, Département de science politique, Université de Genève
  - Cahiers Bernard Lazare
 


 Au risque de déplaire, par Roger Cukierman : 04.03.02
 


 

 

Selon un hebdomadaire flamand, le Juif est un "ténia" : Source : CJE

Je n'aime pas la forme d'Israël.
Pour moi, la forme est beaucoup trop étroite et beaucoup trop longue.
Ça me fait penser à un
ténia.

Je n'aime pas la politique de l'Etat d’Israël.
Pour moi, la
politique est bien trop féroce et n'a aucun respect pour la population d’origine.
Ça me fait penser à un
ténia.

Je n'aime pas la religion juive de l’Etat d’Israël.
Pour moi, la
religion est trop arrogante et vit implacablement aux crochets d’un sentiment de culpabilité collective vieux d'il y a plus d’un demi-siècle.
Ça me fait penser à un
ténia.

Je ne suis pas antisémite.
C'est un titre qui revient à Israël.
Les Palestiniens sont des Sémites.
Israël assassine systématiquement des Sémites.
Israël a, depuis sa création en 1948, élevé l'antisémitisme au rang de culture populaire et fait du terrorisme d’Etat une marque commerciale.

Je ne suis pas anti-Juif.
C'est un titre qui revient à Israël.
Un état démocratique qui choisit pour Premier ministre un criminel contre l'humanité ne s'aime pas.
Israël a épuisé le sentiment anti-Juif qu’il attribue aux autres et l'a utilisé comme bouclier pour excuser une hécatombe.

Je n'aime pas l'Israël de Sharon, comme je n'aime pas le Cambodge de Pol Pot, la Russie de Staline et le Chili de Pinochet.
La seule différence notable entre ces noms et Sharon réside dans le fait que ce dernier n’appartient pas encore au passé.

Que Sharon paraisse encore un jour devant le juge pour ses actes de barbarie n’est que d'un intérêt secondaire.
Ce qui est digne d'intérêt, c'est que le crédit international d'
Israël s'épuise petit à petit. Lentement mais sûrement, l'Europe se libère du fardeau qu’elle supporte depuis la seconde guerre mondiale.

Au fond, c’est bizarre qu’il ait fallu tellement de temps pour que le monde se rende compte qu’un génocide n’en justifie pas un autre.
Un énième monument ou musée érigés sous la pression des
industriels de l’holocauste ne serviront plus à rien.
Danser sur les cadavres des ancêtres est indécent.
Le temps est venu d’un musée pour Sabra et Shatila, un monument pour les enfants palestiniens assassinés, et un nouveau repentir européen.
On peut rajouter sur la Tour de l’Yser le texte 'Plus jamais aveugle'.

Rudolphus De Groote
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La Palestine à l'heure de l'apartheid
Jeudi 27 décembre 2001 (LE MONDE)
 
L'écrivain François Maspero se trouvait dans les territoires palestiniens à la mi-décembre, au moment où la bande de Gaza était prise sous les feux de l'aviation israélienne. Ce qu'il a vu évoque à ses yeux les bantoustans d'Afrique du Sud au temps de la discrimination raciale.
Elle vient de Gaza. Le taxi l'a laissée avec ses deux enfants au début du no man's land d'Erez. Elle traîne une lourde valise. Il faut marcher un kilomètre sur ce désert qui fut l'autoroute, entre hauts murs et barbelés, pour arriver au poste israélien réservé aux détenteurs de passeports étrangers. Un paysage sinistre. Elle dit : "Il y a deux ans, il y avait des oliviers, c'était un vrai jardin." Française, mariée à un Palestinien, son passeport lui permet, comme à nous, d'éviter le checkpoint, là-bas, sur un chemin détourné encombré de chicanes où s'allongent interminablement les files d'attente. Elle prépare une thèse d'urbanisme et œuvre à l'aménagement des camps de réfugiés. Depuis deux jours, l! a bande de Gaza est prise sous les raids des F-16 israéliens. Les chars y ont pénétré et l'ont scindée en trois sections. Les habitants ne peuvent plus circuler. Les maisons sont fouillées. La jeune femme a vu que la famille ne pourrait se rassembler pour la fête de l'Aïd et décidé d'emmener les enfants traumatisés en France.
Il était difficile, pour moi aussi, de rester dans la bande de Gaza, les déplacements y étant rendus aléatoires et, pour ceux que j'aurais pu rencontrer, impossibles. Me voici donc liant mon sort à celui de quatre professeurs de médecine parisiens venus enquêter sur les conditions sanitaires dans les territoires palestiniens, le professeur émérite Marcel-Francis Kahn, rhumatologue (Bichat), et les professeurs Jean Bardet, cardiologue (Saint-Antoine), Michel Revel, rééducation et réadaptation de l'appareil locomoteur (Cochin), et Christophe Oberlin, chirurgien orthopédiste (Bichat).
Je suis arrivé l'avant-veille. Dès la première nuit, celle du 12 au 13 décembre, ont commencé les bombardements. Les avions faisaient des boucles sur la ville, passant à plusieurs reprises très bas avant de lâcher leur missile. De la terrasse en bord de mer, on pouvait suivre leurs évolutions, tous feux allumés. A quelques kilomètres, la ville israélienne d'Ashkelon était illuminée. Les explosions étaient proches, nettes, brèves. "Frappes chirurgicales", en représailles de l'attaque d'un car de colons qui a fait dix morts. Guerre propre du riche contre guerre sale du pauvre. Entre chaque explosion, dans le silence provisoire, le léger bourdonnement des drones.
Cette première nuit, les bombes ont atteint, outre des locaux de l'Autorité palestinienne, la tour de contrôle construite par l'Union européenne. Et détruit le laboratoire scientifique antiterroriste, également installé par l'Union européenne auprès des forces de sécurité palestiniennes. Au matin, à l'hôpital Shifa, le plus grand de Palestine, bilan : vingt-cinq blessés, et une femme de quarante-cinq ans morte d'un arrêt du cœur. On serait presque admiratif de l'exploit technique : si peu de "dégâts collatéraux"... On en oublierait que terroriser une population civile et détruire un organisme destiné à lutter contre le terrorisme n'est peut-être pas le meilleur moyen de venir à bout de ce dernier. En salle de réanimation, un homme en état de coma profond, le corps taché de noir. Il y a eu, depui! s le début de la deuxième Intifada, en septembre 2000, vingt-cinq mille blessés palestiniens (dont 85 % de civils).
Ce chiffre, avec d'autres, le docteur Al-Za'noun, ministre de la santé de l'Autorité palestinienne, venait, le second soir, de le donner à ses confrères français, quand les raids ont repris. Une bombe est tombée à 200 mètres du local où nous nous trouvions. Réunion écourtée. Et nous voici donc revenant à Jérusalem. Passant de la misère d'une bande de 30 kilomètres sur 10, où sont confinés, comme dans une réserve indienne, plus de un million de Palestiniens, à l'autoroute moderne de n'importe quel pays développé occidental. A ce détail près que dans la région qu'elle traverse, s'enfonçant comme un coin dans la Cisjordanie, les accès sont coupés par des levées de terre et des blindés.
Ramallah, siège de l'Autorité palestinienne, est à 7 kilomètres de la limite du grand Jérusalem. On passe à nouveau le checkpoint israélien. Il y a deux jours, les médias ont montré au monde les chars entrant dans la ville, leurs tirs et ceux des roquettes lancées d'hélicoptères s'arrêtant à une cinquantaine de mètres du quartier général d'Arafat. Les installations de la télévision et une antenne ont été écrasées. Une roquette égarée a explosé dans une salle de l'école de la Friends Boys School, respectable institution américaine fondée en 1901. Plus loin, les blindés israéliens ferment la route. D'autres bloquent la rue où habite le docteur Mustafa Barghouti, président du Pingo (Coordination des organisations non gouvernementales palestiniennes). Pourrons-nous passer ?! Oui, après inspection de nos passeports français. L'armée vient tout juste de fouiller sa maison.
On sait que les accords d'Oslo ont réparti les territoires occupés en zones A, sous administration directe de l'Autorité palestinienne, zones B, administrées par elle mais restant sous contrôle israélien, et zones C, entièrement israéliennes, incluant les colonies. A Ramallah, la colonie de Psagot, immeubles soudés, domine la ville comme un énorme château fort. Elle est reliée à Jérusalem-Ouest par une route spéciale qu'empruntent journellement ses habitants. Toutes les colonies ont leurs accès protégés, et le pays est traversé d'autoroutes centrales ouvertes aux seuls Israéliens. Ce réseau se densifie à mesure que s'étend le mitage des implantations. Ce ne sont pas les colonies qui sont encerclées, ce sont les zones palestiniennes qui sont prises et isolées dans les mailles serrées d'un filet.
Après la visite de l'hôpital de Ramallah et des principaux services sanitaires, le professeur Christophe Oberlin établira ce premier bilan, confirmé par la suite : le blocus de la population aboutit à une paralysie mortifère. D'une part, il est impossible de se déplacer des centres médicaux vers la périphérie : entraves, ainsi, à la vaccination, à l'action des équipes mobiles de santé, à celles d'accouchements, d'aide aux handicapés, des secours d'urgence. D'autre part, les malades ne peuvent se déplacer de la périphérie vers les hôpitaux : des mères doivent accoucher sans assistance, des blessés ne sont pas acheminés à temps, des médecins résidant ailleurs que dans la ville de leur hôpital ne peuvent se rendre à leur travail, la pharmacie centrale n'alimente pas régulièrement l! es hôpitaux et des dialysés sont abandonnés à leur sort. Les longues attentes, voire le refoulement des particuliers comme des ambulances, l'obligation faite à des infirmes et à de grands malades de transiter à pied, voire d'emprunter des chemins détournés, peuvent avoir des conséquences fatales. Plus généralement, les initiatives d'aide sociale étant bloquées, tout comme celles de formation et d'animation pour les jeunes, les réseaux extrémistes du Hamas ou du Djihad prennent, sur place, le relais des organismes officiels défaillants...
Au sud de Jérusalem, Bethléem a été en octobre la cible d'une autre expédition punitive. Les blindés ont canonné le camp de réfugiés d'Al Azza, soupçonné d'abriter des terroristes, puis quadrillé la ville. Vingt morts et une centaine de blessés. A l'entrée, incendié, l'immeuble de l'Hôtel Paradise, destiné à accueillir les pèlerins chrétiens du monde entier, offre une vision que je n'avais pas vue depuis Sarajevo. Plus question ici de frappes chirurgicales : c'est détruire pour détruire. Reste à savoir si c'est la façon efficace de terroriser les terroristes ou si cela ne suscite pas de nouvelles vocations à passer des jets de pierre contre des soldats aux bombes humaines prêtes à massacrer des civils, recrutées dans une jeunesse désespérée et exaltée par des extré! mistes fous de nationalisme et de Dieu.
Pendant cinq jours, les chars ont tenu l'avenue Paul-VI sous leurs canons. L'hôpital moderne de la Sainte-Famille, fondé il y a un siècle par les Sœurs de la Charité, appartenant aujourd'hui à l'Ordre de Malte et restant sous la protection de la France, a servi de cible à un char et à des tireurs. Le 24 octobre, le char est monté vers l'hôpital, s'est embossé devant l'entrée et a ouvert délibérément le feu. Les autorités israéliennes nient cet "incident". Les traces des tirs sont là, et le docteur Robert H. Tabash exhibe balles de mitrailleuse et éclats d'obus. L'hôpital public, dont la partie récente a été financée par la Suède, a subi également des tirs. On relève des impacts de balles dans la salle des soins intensifs, et le chirurgien orthopédiste affirme qu'un patient a ét[1][1]! 33; blessé dans son lit.
Bethléem la chrétienne est une ville punie. Les hôtels sont déserts. Aucun touriste dans l'église de la Nativité. Triste Noël. Couronnant la hauteur, le grand ensemble de la colonie de Gilo domine la ville. En contrebas, sur l'autoroute neuve, filent les voitures israéliennes entre des murs de béton. Pas question de l'emprunter avec une plaque palestinienne. Pour gagner Hébron, il faut franchir un checkpoint et suivre, comme une punition, à travers vallées et montagne, des routes étroites, par moment simples pistes, et repasser un autre barrage à l'entrée de la ville. Certains prennent le risque de contourner les barrages à travers la campagne. On peut les voir de la route. Souvent mal à l'aise ("Sorry for Israel", nous dira l'un d'eux), les soldats israéliens du contingent ne font pas forcément du zèle. Mais il y a quand même ! eu ainsi trente morts en un an.
Cernée comme ailleurs par les colonies, Hébron offre cette particularité d'en avoir une fixée au cœur de la vieille ville. Deux cents colons y vivent sous la protection de l'armée. Situation intenable. Les rues commerçantes se terminent par des postes militaires. On ne passe pas. La "rue de la Paix", dont la réfection a été financée par les Etats-Unis, devait reconstituer un marché où se seraient côtoyées les deux communautés : les rideaux rouillés des échoppes abandonnées sont couverts d'inscriptions "Mort aux Arabes !". Aux heures chaudes de l'Intifada, quand les jeunes viennent lancer des pierres sur les soldats, le couvre-feu est décrété vingt-quatre heures sur vingt-quatre. L'hôpital évoque un camp retranché, des sacs de sables obturant entrée et fenêtres. Il a subi sept attaques en un an et! , ici encore, les impacts sont visibles sur les murs et dans des salles.
L'homme qui nous hèle rue de la Paix habite sur le versant de la colline de la colonie. Quelques Palestiniens s'y accrochent. On lui a offert 3 millions de shekels pour sa maison. D'autres acceptent, épuisés. La possession du terrain séparant les deux parties israéliennes permettrait de les réunir. Mètre après mètre, les implantations progressent, jusqu'au jour où elles formeront une seule grande tache cohérente. De sa terrasse, il montre les immeubles de la colonie sur la colline et, en contrebas, l'armée qui monte la garde autour du quartier israélien. Il arrive, affirme-t-il – et il n'est pas le seul –, que des colons furieux traitent les soldats du contingent, trop tendres à leurs yeux, de complices des nazis.
Il y a, dans le hall de l'Institut français de Gaza, un mur sur lequel chacun peut s'exprimer librement. J'y ai lu : "Toujours j'imagine que je vis avec mes amis sur une autre terre en toute liberté" ; "Une vie de merde" ; "Encore une pensée pour ce qui aurait pu se passer. Nabil, Sonia, Ghassar, Tarek" ; "Lève la tête, fonce. Il viendra, le jour où tu vas écraser ta peur, tes doutes."
L'économie palestinienne est morte. Il y avait eu pourtant de grands espoirs. En témoignent les innombrables constructions neuves qui, comme à Ramallah, font orgueilleusement pièce aux implantations israéliennes et laissent imaginer "ce qui aurait pu se passer" si les accords avaient été respectés. Beaucoup sont vides ou inachevées. La société palestinienne est pulvérisée. Nul ne peut plus aller travailler en territoire israélien, source d'une grande part des salaires. Ni en territoire palestinien voisin. A l'intérieur d'enclaves, les camps de réfugiés sont eux-mêmes des ghettos. La terre de Cisjordanie est ravagée, éventrée, labourée de routes, de constructions : la stratégie militaire, le souci du peuplement à tout prix l'emportent sur l'aménagement et l'urbanisme. "C'était un jardin", d! isait la jeune femme d'Ezel. Il y a trente ans, j'ai connu des paysages bibliques. Aujourd'hui, avec leurs amas de béton, leurs champs dévastés, ils portent autant de plaies que les hommes qui l'habitent.
Comment appeler ce que vit le peuple palestinien autrement qu'un apartheid ? L'analogie avec les bantoustans est juste. L'armée israélienne entre, sort, quadrille, ratisse, bombarde comme et quand elle le veut les minces 19 % de territoires théoriquement souverains de l'Autorité palestinienne. Pour qui les traverse, le pari d'Ariel Sharon saute aux yeux : en finir avec elle et trouver des interlocuteurs locaux dans chaque zone isolée.
Le peuple israélien a le droit d'être sur sa terre. Le peuple palestinien a le droit d'être sur la sienne. L'histoire a fait que c'est, au même titre, la même terre pour l'un et pour l'autre. Et, au même titre, les deux peuples doivent pouvoir y vivre. Egaux en droits.
François Maspero

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Les Américains et les Israéliens mènent une guerre biologique ;
les Juifs répandent le SIDA en Asie et en Afrique.
Source : revue scientifique subventionnée par le gouvernement égyptien.
 Reçu de MEMRI
Suite à l’apparition de la maladie de l’anthrax aux Etats-Unis, le n° de novembre de la revue scientifique égyptienne Al-Ilm
a publié un article qui retrace l’histoire de la guerre biologique et chimique à travers le monde. Al-Ilm est diffusé par les éditeurs du quotidien gouvernemental Al-Gumhuriya. Samir Ragab est rédacteur en chef de ces deux journaux. Le conseil exécutif d’Al-Ilm est présidé par Mufid Shihab, ministre égyptien de l’Enseignement supérieur.
Cet article du Dr Husnyia Hassan Moussa, conférencière au Centre national de recherche, est intitulé : « Guerre microbienne : 52 universités et laboratoires secrets fabriquent des microbes mortels en Amérique - La Grande Bretagne a ressuscité la variole, pourvue de qualités exceptionnelles ! - Une étrange maladie qui provoque fièvre, maux de tête et hémorragies est en train de contaminer les Afghans. Le Dr Janet a payé son expérience satanique de sa vie ». (1) Voici quelques extraits de l’article :
 « Les cas d’anthrax aux Etats-Unis sont apparus au moment où a commencé la guerre américaine contre l’Afghanistan. Les nouvelles d’Afghanistan rapportaient l’existence de symptômes d’une maladie étrange… provoquant fièvre, maux de tête et hémorragies.
            Cela nous ramène à la découverte par les Américains d’une usine d’armes biologiques dans les montagnes d’Oural en Russie. Parallèlement, les Soviétiques ont dévoilé l’activité américaine dans ce domaine destructeur, ainsi que la mort de scientifiques américains qui travaillaient dans l’industrie microbienne. Cette industrie possède des laboratoires secrets dépendant de la Défense. 52 universités coopèrent avec le Pentagone à la préparation de la guerre [biologique]… Les Etats-Unis ne se sont pas suffis de leurs propres instituts et universités scientifiques ; ils ont en plus signé des accords avec plusieurs universités étrangères, dont israéliennes… Les missiles fournis par les Etats-Unis à l’OTAN sont équipés d’ogives biologiques, fait admis par la Maison Blanche. »
            Plus loin dans l’article, le Dr Moussa cite un rapport du « Dr Joseph » de l’UNESCO, selon lequel la Corée, la Chine et le Vietnam ont subi des attaques biologiques, poursuivant : « Ce n’était pas le premier incident du genre. Les Alliés [de la 1ère guerre mondiale] ont un fameux passé dans le domaine de l’industrie des microbes. Après l’éclatement de la deuxième guerre mondiale, le Premier ministre britannique Winston Churchill a reçu une lettre secrète de son conseiller scientifique, le Lord Cherwell, qui le priait de faire une demande d’anthrax au Département américain de la Défense - dont il comptait se servir contre les Allemands - vu que c’est une arme efficace, capable de détruire massivement les êtres humains et le bétail… Finalement, la Grande Bretagne a décidé de produire des armes biologiques plutôt que d’importer des bombes à l’anthrax des Etats-Unis. »
                Le Dr Moussa retrace ensuite l’histoire de la guerre biologique : « Les Européens colonialistes ont propagé la variole chez les Indiens d’Amérique. Au cours de la guerre de sécession, les deux parties ont eu recours à des méthodes consistant à polluer l’eau potable au moyen de cadavres d’animaux.
            A l’époque contemporaine, les armes biologiques ont d’abord été utilisées quand la Bulgarie s’est secrètement ralliée à l’Autriche contre la Serbie. Le Typhus s’est répandu, faisant des ravages chez les Serbes. En été 1949, il y a eu une épidémie de choléra dans toute l’Egypte, à la suite de la création de l’Etat d’Israël en 1948. Des documents égyptiens indiquent que la maladie venait d’Israël…
            Procédant pour la première fois à des expériences dans ce domaine, le Japon a injecté aux prisonniers le virus de la peste, de l’anthrax, de la variole et du choléra. Trois mille prisonniers sont morts. La peste était lâchée par les avions au cours de la guerre sino-japonaise de 1940-1942. En 1944, ces épidémies se sont répandues jusqu’à atteindre la frontière de l’Union soviétique. Un an plus tard, le Japon utilisait ces microbes contre la Mongolie.
            Les Etats-Unis ont utilisé des microbes contre le Vietnam, la Corée du Nord et la Chine. Les universités israéliennes poursuivent des recherches sur les armes biologiques. Avant la guerre d’octobre [1973], ils ont injecté des microbes à des oiseaux qu’ils ont lâchés au-dessus de la Jordanie, la Palestine et le Canal de Suez. »
            Le Dr Moussa évoque brièvement le programme de recherche nazi sur la guerre biologique, affirmant que le Dr Josef  Mengele «  était connu sous le pseudonyme de ‘boucher’, notamment pour les tortures qu’il infligeait aux Juifs dans le but d’observer leurs réactions aux différents types d’agressions microbiennes. » Elle ne tarde pas à revenir au sujet des Etats-Unis et d’Israël, qui, selon elle, « conservent leurs armes biologiques dans des bases américaines. S’ils devaient les utiliser, ils détruiraient la moitié de la population se trouvant dans la région attaquée. Certaines de ces armes provoquent aussi des avortements.
            Les Etats-Unis ont pris le pouvoir dans l’Etat d’Ottawa [sic] pour y conduire des expériences à l’aide d’armes biologiques mortelles. Il est vraisemblable que le besoin de vengeance des Etats-Unis les amènent à tester leurs performantes armes biologiques sur un ennemi réel, ce qui leur permettrait d’évaluer l’étendue de l’effet.
            D’autre part, des touristes juifs atteints du SIDA parcourent les pays d’Asie et d’Afrique dans le but de répandre ces maladies.
            Ce n’est pas une coïncidence si les Etats-Unis sont le seul pays des Nations unies à ne pas avoir signé l’accord pour la sanction de [ceux qui procèdent à] l’anéantissement massif d’un peuple… Israël poursuit sa guerre biologique visant à détruire le peuple palestinien en territoires occupés, défiant la communauté internationale. »
            Vers la fin de l’article, le Dr Moussa note : « Bon nombre de médecins ont affirmé que la maladie de la vache folle s’est développée en Grande-Bretagne à cause… de nutriments contenant des cadavres d’animaux de laboratoire, dont ceux de souris et de porcs. C’est après que ceux-ci eurent été ajoutés aux substances artificielles devant nourrir vaches et moutons que la maladie de la vache folle est apparue. »                            
SOURCE : MEMRI

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Memorandum Secret Au President George W. Bush
 p.c.c. Michel Gurfinkiel
Peu après le 11 septembre, le président américain, George W. Bush a sollicité la coopération des meilleurs experts politiques et militaires occidentaux dans le cadre de la guerre contre Oussama Ben Laden et le terrorisme intégriste. Un groupe d'experts israéliens, généraux de Tsahal, officiers supérieurs des services de renseignement, députés à la Knesseth, professeurs aux universités de Jérusalem, Tel-Aviv, Haifa et Beersheva, diplomates, lui a fait parvenir un mémorandum. J'ai été en mesure de me procurer ce texte. Il m'a semblé utile de vous en communiquer le texte intégral, traduit par mes soins : 
" A Monsieur George W. Bush, Président des Etats-Unis d'Amérique
, La Maison Blanche, Washington, District de Columbia
, USA.  "
Cher Monsieur le président (Dear Mr President),  " Avant toute chose, nous tenons à rappeler un principe fondamental : il n'y a pas, face au terrorisme ou à toute forme de conflit impliquant un pays de la région arabo-islamique, de solution militaire. Il n'y a que des solutions politiques. Et la solution politique par excellence, comme votre Département d'Etat et les ministères des Affaires étrangères de beaucoup d'autres pays, notamment européens, n'ont cessé de le rappeler à propos du conflit israélo-arabe ou israélo-palestinien, consiste à négocier avec l'adversaire alors même qu'il poursuit les opérations armées, et quelle que soit l'intensité de ces opérations. Nous vous recommandons donc, cher Monsieur le président (Dear Mr President), d'engager immédiatement des négociations avec Oussama Ben Laden et avec toutes les autres organisations terroristes islamiques, sans préalable d'aucune sorte et surtout sans formuler une demande aussi irréaliste qu'un arrêt momentané des actions hostiles contre les Etats-Unis d'Amérique, leurs citoyens ou leurs intérêts économiques.  " Certains de vos conseillers pourront objecter qu'Oussama Ben Laden et les autres terroristes se réclamant d'un islam extrémiste ne sont pas des interlocuteurs légitimes. Ce n'est là qu'un sophisme, comme vous nous l'avez souvent expliqué à propos de l'OLP de Yasser Arafat, du Hamas, du Dijihad islamique ou du Hezbollah. La légitimité des terroristes découle du fait même qu'ils recourent à la terreur, point à la ligne. Et ce sont au contraire les Etats ou organisations arabes ou musulmanes se refusant de recourir à la terreur ou se déclarant pour la paix et la coopération avec les Etats-Unis qui doivent être tenues pour illégitimes. Nous ne saurions trop vous presser, cher Monsieur le président (Dear Mr President) d'accorder à Oussama Ben Laden tous les signes tangibles d'une reconnaissance en droit international et de lui transférer les prérogatives que vous accordiez jusqu'ici à vos soi-disant alliés et amis de la région. Instruits par notre propre expérience, nous vous suggérons d'organiser dès maintenant des pourparlers préliminaires avec Ben-Laden en terrain neutre, peut-être dans une capitale scandinave comme Oslo, de signer avec lui une déclaration de principes, peut-être sur le perron de la résidence présidentielle d'un pays tiers, et enfin de le recevoir à la Maison Blanche en visite d'Etat. Nous sommes sûrs que l'opinion américaine, profondément éprise de paix, vous soutiendra unanimement quand vous serrerez la main de l'inspirateur des vols suicides contre le World Trade Centre et le Pentagone. Si par hasard l'opinion américaine ne vous soutenait pas, persévérez pourtant dans le processus de paix. Nous avons eu nous-même du mal à le comprendre, mais nous savons désormais, notamment grâce aux conseils amicaux de votre prédécesseur Bill Clinton, que les négociations avec les organisations totalitaires doivent primer sur tout autre considération, y compris les protestations démocratiquement exprimées d'un peuple libre.  " Notre troisième recommandation, cher Monsieur le Président (Dear Mr President) est de vous montrer honnête dans vos négociations avec Oussama Ben Laden. Votre Département d'Etat et beaucoup d'autres ministères des Affaires étrangères en Europe et dans le reste du monde nous ont souvent expliqué qu'il était vain d'engager un processus de paix avec Yasser Arafat si nous n'avions pas l'intention d'accorder à ce dernier tout ce qu'il demandait, et peut-être même plus encore : la Cisjordanie, Gaza, la moitié ou les trois quarts de Jérusalem, l'entrée en Israël de trois quatre millions de prétendus réfugiés ou descendants de réfugiés. Vous devez appliquer ce raisonnement à Ben Laden et à ses comparses. Vous savez très bien que leur but n'est pas d'arrêter les hostilités, ni d'organiser une coexistence entre le monde libre et l'islam intégriste, mais de renverser tous les régimes arabes et musulmans existants, y compris l'Arabie saoudite, d'anéantir toutes les aspirations à la paix, à la démocratie et à la liberté dans le monde arabe et musulman, de s'emparer du pétrole du golfe Persique et de créer un nouveau califat capable de lancer un djihad planétaire contre les chrétiens, les juifs, les hindous, les sikhs et les bouddhistes. Ne trichez pas. Donnez-leur tout. Accordez-leur quelques satisfactions symboliques de plus, par exemple en leur cédant l'île de Manhattan.  " Enfin, cher Monsieur le président (Dear Mr President), nous vous recommandons instamment, dans l'hypothèse infiniment regrettable où vous devriez quand même procéder à des ripostes militaires, de faire preuve de retenue et de proportionnalité. N'engagez pas des opérations prolongées en territoire ennemi. Ne procédez pas à des bombardements massifs et aveugles. Ne détruisez pas l'infrastructure des territoires que vous attaquez. N'engagez aucune opération qui pourrait se traduire par la fuite de populations civiles. N'attaquez jamais l'adversaire s'il se dissimule derrière des populations civiles prises en otages, même si vous disposez d'armes intelligentes et ultra-précises.  " Nous sommes sûrs, cher Monsieur le président (Dear Mr President) que vous tiendrez compte de nos conseils désintéressés et vous souhaitons bon courage et bonne chance. "  Fin de citation. Ici s'arrête le mémorandum secret des experts israéliens à George W. Bush. Comme vous pouvez le constater en regardant votre télévision, l'administration américaine semble avoir du mal à mettre ce texte judicieux en application. Je vous avoue que cela ne me gêne pas trop. Mais ce qui me gênerait beaucoup, et gênerait pas mal d'hommes libres à travers le monde, ce serait qu'elle persiste à exiger d'Israël, sous l'influence du secrétaire d'Etat Colin Powell, ce dont elle se dispense elle-même.   
 Diffusé sur RCJ le 21 octobre 2001. © Michel Gurfinkiel, 2001

 

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  Comment expliquer à David
 Par Philippe GUMPLOWICZ,Marc LEFEVRE,André TAGUIEFF  Philippe Gumplowicz, universitaire, est auteur du «Roman du jazz», éd.  Fayard. Marc Lefèvre, physicien, est membre fondateur des Amis de la Paix  maintenant (Shalom-Archav). Pierre-André Taguieff, chercheur, est auteur de  «la Nouvelle Judéophobie», éd. Mille et Une Nuits (à paraître mi-janvier).
 Libération, vendredi 04 janvier 2002

Dans la cour de l'école, ses copains sont beurs. Mais certains l'ont menacé  et insulté: «Vous, les juifs, vous tuez les enfants arabes palestiniens.»  C'est un enfant de 12 ans, le fils d'un des signataires de cet article.  David est élevé dans une famille juive, laïque, de gauche, où l'attachement  pour Israël s'inscrit dans le cadre des principes de Liberté, d'Egalité et  de Fraternité. Dans la cour de l'école, au football, ses copains sont beurs.  Mais certains d'entre eux l'ont menacé et insulté («vous les Juifs, vous  tuez les enfants arabes palestiniens»). Et ses parents ont dû alerter une  institution scolaire aveugle ou angélique sur un amalgame devenu habituel  dans les cours de récréation entre «beurs-palestiniens» et  «juifs-israéliens». David voit la mort au Proche-Orient tous les jours à la  télévision. Il écoute, essaye de comprendre, s'exprime. Il ressent les  souffrances du peuple palestinien et l'horreur criminelle des  attentats-suicides qui frappent des Israéliens au hasard.
 Et il répète ce que martèle la majorité des médias français: les attentats  palestiniens sont condamnables, mais ils répondent aux implantations dans  les territoires occupés depuis 1967. Comment expliquer à David que, si  l'évacuation des implantations israéliennes avait été l'objectif politique  des Palestiniens, il aurait déjà été atteint, via les négociations de Camp  David et de Taba? Ehud Barak avait fait tomber les tabous qui aveuglaient la  population israélienne: le mythe de Jérusalem unifiée, le mythe de la  perpétuation de cette politique d'implantation. Un sondage à chaud, réalisé  en Israël au lendemain du week-end d'attentats le plus meurtrier depuis  1996, indique qu'un tiers des sondés est encore favorable à l'établissement  d'un dialogue politique sans préalable avec les Palestiniens, allant ainsi  bien au-delà des positions de leur gouvernement d'union nationale. A  l'exception notable d'une fraction extrémiste, chaque Israélien n'aspire  aujourd'hui qu'à une chose: qu'un Etat palestinien lui fiche, une bonne fois  pour toutes, la paix. Et personne ne danse, dans les rues de Tel-Aviv, à  l'annonce de la mort d'un Palestinien.
 Oui, mais... Il y a la répression israélienne. Comment expliquer à un enfant  de 12 ans, éduqué dans les principes d'une justice républicaine égale pour  tous, qu'attenter aveuglément à la vie d'adolescents qui ont envie de vivre  et de s'amuser ou à celle de travailleurs qui se déplacent en autobus parce  qu'ils n'ont pas les moyens de se déplacer en voiture individuelle, ce n'est  pas la même chose que s'attacher à éliminer des assassins récidivistes,  organisateurs d'attentats? Mais ces assassinats ciblés alimentent les  attentats, dit encore David. Que faire? Ne pas répliquer? Aucun Etat, aucune  civilisation n'y survivrait.
 Mais un enfant souhaite voir désigner des responsables et des innocents. Les  responsables? Ceux qui, du côté israélien ont mené une politique  d'implantation antinomique avec les principes de justice sur lesquels l'Etat  juif a établi, il y a plus de cinquante ans, sa déclaration d'indépendance.  Responsabilité largement partagée: Yasser Arafat a torpillé les négociations  du processus de paix qui auraient permis de sortir de cette situation. Les  innocents? C'est cet enfant palestinien né dans un camp de réfugiés à qui  n'est offert aucun espoir d'épanouissement personnel et collectif. Mais être  victime d'un état de fait ouvre-t-il à un droit de revanche infinie? Face à  des terroristes qui tuent au hasard, on se sent presque gêné de rappeler  qu'aucun Arménien ne s'est fait exploser à Ankara, pas plus qu'un rescapé de  la Shoah n'est allé faire sauter une voiture bourrée d'explosifs sur ce  qu'il restait du Reichstag.
 Il faut donc expliquer à ce fils de 12 ans que le fort et le faible ne sont  pas ceux qu'on pense. Par son armée et sa technologie, Israël donne  l'apparence de la force. Mais voilà: un Israélien qui s'affole dès que son  enfant prend la direction d'une école, se sent faible, menacé dans sa chair  même. Faible, le peuple palestinien? Oui. Mais, pour des dirigeants qui  n'ont pas renoncé à la grande Palestine, les pertes humaines et les  souffrances de leur peuple n'ont que peu de poids face à la satisfaction de  leur objectif. Les islamistes palestiniens peuvent exprimer leur rejet  profond d'une solution où deux Etats, juifs et palestiniens, coexisteraient  côte à côte. Pour eux, le temps ne compte pas et c'est leur force.
 Aujourd'hui pourtant, l'Intifada se révèle un échec patent. Le peuple  palestinien est plus loin que jamais d'une solution acceptable de compromis  historique lui permettant de se concentrer sur la construction d'une nation  et sur son développement économique. Les attentats meurtriers et leurs  cortèges de répression ont littéralement cloué au mur les partisans  israéliens d'une politique audacieuse de compromis. Yasser Arafat, par sa  pusillanimité, a donné raison aux extrémistes israéliens de droite, qui ne  pratiquent que la politique de la force. L'espoir et la raison sont les  grands perdants d'une Intifada déclenchée comme une fuite en avant  irresponsable, après les avancées de Camp David.
 Chaque jour, les images submergent, et les émotions sont plus fortes que la  réflexion. Mais comment expliquer cela à un enfant de 12 ans? A un ami  musicien? A nos autres amis, beurs, juifs ou «Français de souche» avec  lesquels nous pouvons aussi être d'accord sur tout le reste?.

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Un samedi soir banal : Temoignage authentique de la vie sous les attentats. 
Reçu de la liste de diffusion de Modia : (www.modia.org
par le Docteur Jacques Bronstein, opthalmologue a Jerusalem
drjbron@netvision.net.il

La nuit tombe tot en Israel. La soiree est longue ; il fait frais.
 Le ciel est degage et permet d'observer les etoiles a travers une brume imperceptible.

Les jeunes aiment sortir en ville pour rencontrer leurs copains.
Ils ont entre 13 et 25 ans. Ils sont ecoliers, lyceens, etudiants,
soldats en permission du vendredi apres-midi au dimanche matin.
 Ces sorties ; ces rencontres où s'ebauchent
 des amities, des sentiments, des attirances,
vont leur donner des souvenirs heureux pour
 toute la semaine ; parfois pour plus, quand les
soldats sont envoyes sur les frontieres,
ou ils sont consignes pour plusieurs week-end.

Dinah, ma fille, vient d'avoir vingt ans. Elle est officier educatrice, dans une base au nord du pays, a quatre heures de bus de la maison. Elle a de la chance, elle rentre en ce moment chaque semaine. Bientot, en montant en grade, elle ne rentrera plus qu'un week-end sur deux ou sur trois.

La sortie du samedi soir est importante ; c'est la qu'elle retrouve ses copines et ses copains, soldats comme elle, eparpilles aux quatre points du pays. L'un deux est un peu plus copain que les autres. Il est loin dans le sud et ne rentre que rarement a la maison. Ce samedi soir 1er decembre, tout le monde ou presque a reçu une ''perm''. On se retrouve dans un des cafes ''branches'' du centre-ville dans le triangle celebre de Jerusalem, forme par les rues Yaffo, King George et Ben-Yehuda, que tout touriste venu une fois ici, connait bien. C'est le cour seculaire de la ville.

Il est 23h30 . Mon portable sonne. « Allo papa, ouvre la tele, il vient d'y avoir une explosion ; je vais bien ; ne t'inquiete pas ! ». Je n'etais pas inquiet, ne sachant rien, ni n'ayant rien entendu. Mais je  commençais a devenir anxieux. Il y avait de quoi. La television arrivee quelques minutes plus tard, deversait deja, ses images d'horreur. En direct, nous entendimes une deuxieme explosion, puis quelques minutes plus tard, devant les cameras, une boule de feu projetee vers le ciel, derriere un magasin de chaussures bien connu de tous.

Je rappelle Dinah. Pas de reponse. Nos cours de parents se mettent a battre la breloque. Que s'est-il passe ? que faire ? On demande aux badauds de s'eloigner des lieux de l'attentat, pour laisser les sauveteurs et les ambulances s'approcher.

Je m'attends a etre appele a l'hopital, comme toujours lorsque survient un attentat. Les images de destruction, d'incendie et surtout de blesses allonges sur la chaussee, sont insupportables. Et ce qu'on nous montre, n'est rien a cote de ce qui se passe sur place. La television, s'autocensure. Mais nous savons tous la realite : les corps dechiquetes ; des membres arraches, des flaques de sang ; les hurlements des blesses ; la pagaille indescriptible des premiers instants. Le journaliste croit savoir qu'il y aurait deux morts et des dizaines de blesses. Il y en aura finalement onze et des centaines de blesses, classe selon la triste habitude, en ''legers'', ''moyens'', ''graves'' et ''desesperes''.

Est-ce que notre Dinah est parmi eux ? D'merci, une nouvelle sonnerie du portable nous annonce qu'elle etait loin, a 200m des explosions et que toutes les lignes telephoniques etaient devenues inutilisables.

Elle ne rentrera que tard dans la nuit, livide, incapable de parler. nous respectons son silence. On ferme la tele, car les memes images reviennent en boucle et le remplissage par les interviews nous stressent.



A l'hopital Bikour 'Holim, le plus central, a quelques centaines de metres, les premiers blesses sont deja en salle d'operation. Les cas ophtalmologiques ont ete transferes dans d'autres hopitaux, car nous venons juste d'ouvrir une consultation et nous n'avons pas encore de moyens chirurgicaux. Je n'aurai donc pas de travail cette nuit. Cela ne m'empeche pas d'aller voir ce qui se passe ailleurs.

Hopital Shaarei Tzedek.

Les nouvelles vont vite. On m'apprend qu'une jeune française de vingt ans, Eva K. qui est venue habiter en Israel ; depuis peu, a ete blessee gravement a l'oil gauche, et qu'elle est en salle d'operation. Je connais toute l'equipe, pour en avoir fait partie autrefois. Je sais qu'elle est entre les meilleures mains possibles.

Elle est seule en Israel. Sa mere, divorcee, vit a Paris ainsi que son frere. On leur annonce que leur fille vient d'etre blessee a l'oil, mais que sa vie n'est pas en danger. C'est le drame ! Ils n'en croient rien. Je suis charge par une amie, de leur expliquer ce que l'on est entrain de lui faire. Un telephone me relie au chirurgien qui est pessimiste. L'autre a la mere, rendue hysterique par les informations contradictoires qui lui parviennent de tous cotes.

L'oil a ''implose'' ; une enorme hemorragie remplit le globe, empechant les chirurgiens de retrouver l'eventuel corps etranger intraoculaire. On referme, les plaies ; on fait un ultrason qui ne montre aucun corps etranger. Un appareil plus performant existe a l'hopital Haddassah ; on l'y emmenera le lendemain, pour essayer de trouver quelque chose. Sans resultats.

Les parents arrivent ; on leur explique la gravite de l'hemorragie et qu'il faut attendre quelques jours pour qu'elle regresse et qu'on puisse prendre d'autres mesures.

L'angoisse, l'incomprehension de la langue, font que la maman et le frere, conseilles par les uns et par les autres, decident de faire transferer Eva, a l'hopital Tel Hashomer, plus specialise.

On tente une intervention pour stopper l'hemorragie. En vain. L'oil ne voit plus et ne verra plus jamais.
Les degats sont au-dela de toute possibilite. Le miracle n'aura pas eu lieu. On annonce a Eva que son oil est perdu !
Eva est une douce et tendre jeune fille, venue en Israel par ideal sioniste ; Elle n'a aucune famille sur place. Elle est si fragile, si perdue. Heureusement elle s'est fait de bons amis. La chaine de solidarite va se mettre en action.

Une fois la maman et le frere repartis, Eva n'a plus que ses amis pour s'occuper d'elle. Elle ne veut plus retourner dans universite ; ne veut plus dormir dans le campus ; ne veut plus voir personne, ni les volontaires qui l'ont pris en charge des les premieres heures, ni les psychologues dont elle aurait pourtant un besoin urgent.

Elle n'accepte de recevoir que ses amis ; et encore. Elle reste les yeux fermes en permanence, agit comme une aveugle ; ne parle que de l'explosion, de l'eclair fulgurant qu'elle a perçu. Aucun autre sujet ne l'interesse. Elle est en depression grave.

Le ministere de la defense, l'a installee dans une chambre d'hotel, où se relaient vingt quatre heures sur vingt quatre, les rares personnes qui lui agreent. Les services sociaux pensent a son avenir. Pas question de revenir en France, où sa famille eclatee ne lui sera pas d'un grand secours psychologique.

Dans un premier temps, elle devra recevoir des cours prives pour rattraper le retard accumule.
D'apres l'assistante sociale, une aide psychologique ne sera pas suffisante, et une prise en charge par un psychiatre est indispensable. Ces depenses ne sont pas couvertes par le ministere a priori, et le seront peut-etre, dans un deuxieme temps. Il faut donc, d'urgence trouver des fonds pour pouvoir commencer le traitement.

A quelques metres d'Eva, un groupe de jeunes etudiants francophones, etaient attables au celebre cafe Rimon et devisaient gaiement.
La joie de se retrouver, les uns et les autres, en bonne forme, avant de reprendre le chemin des bases militaires, etait evident. C'etait un moment de detente privilegie, que tous ces garçons et ces filles, vivaient ce soir la.
Et soudain, un eclair aveuglant ; une detonation seche, comme un claquement terrifiant.
Passe le premier moment d'effroi,  on denombre des dizaines de corps gisant dans des mares de sang. Certain ne bougent plus. D'autres hurlent de douleur. Les secours s'organisent dans un  desordre indescriptible. Les sirenes des ambulances dechirent les tympans des gens venus porter secours aux blesses.

L'un d'eux, Laurent B. que je connais bien, ainsi que ses parents, git, inanime sur le sol. Son pouls bat tres vite, il vit, mais ne reagit pas. Son visage est meconnaissable. Du sang gicle de son crane, on ne voit pas bien d'où.

Une ambulance l'emmene tres rapidement a l'hopital Haddassah, où il est examine et dirige vers le centre de soins intensifs, deja sur pied de guerre.

Le scanner montre la presence d'un boulon, dans le cerveau, juste en arriere de l'orbite. Le coma est profond.

Il va rester dans le coma, plus d'une semaine. Puis petit a petit, un pied commence a bouger. Chaque petit mouvement est regarde comme un succes ; un pas vers la guerison.

Malheureusement, on se rend compte bien vite, qu'une moitie de son corps est paralyse. Les neurochirurgiens hesitent a retirer ce corps etranger du cerveau : les risques sont trop grands.  Il est urgent d'attendre!

Chaque jour amene un petit progres. Au quinzieme jour, on remarque qu'il reagit quand on lui parle.
Puisque les chirurgiens ne peuvent intervenir, on decide de le transferer dans un hopital specialise dans la reeducation. Laurent commence a parler, difficilement ; fait des efforts heroïques pour faire mouvoir ses membres. Mais malheureusement, aucun progres du cote droit paralyse.
D' merci, sa vue ne semble pas avoir ete touchee ; mais la encore, il est tres difficile de savoir.
Aux dernieres nouvelles, Laurent-Haïm - (car la tradition juive ajoute le prenom Haïm, qui signifie ''Vie'', aux malades en danger vital) - commence a parler. Avec une difficulte extreme certes ; mais c'est un progres qu'aucun de ses medecins n'aurait ose pronostiquer il y a quinze jours.

Et puis ce soir, un coup de telephone. C'est Yo'haï, un jeune garçon qui a ete blesse en meme temps qu'Eva, hospitalise quinze jours, dans la chambre voisine ; et qui depuis, s'occupe d'Eva comme un frere, bien que convalescent, m'apprend qu'aujourd'hui elle  a ouvert les yeux et a dit qu'elle percevait des ombres de son oil blesse. L'Eternel a entendu nos prieres !

Il est trop tot pour esperer une amelioration, mais ce soir nous sommes tous un peu plus heureux.

Et pour finir, l'histoire d'un veritable miracle.
Le meme samedi soir, a quelques metres d'Eva et de Laurent-Haïm,        Julia,  vingt ans, ressent une terrible douleur a l'aine ; elle continue a marcher pour s'eloigner de l'enfer; ressent une grande faiblesse, et s'ecroule, sans connaissance.

 L'un de ses amis, indemne, a tout de suite vu qu'il s'agissait d'une hemorragie externe gravissime. Il ne connait rien a la medecine, mais il a du bon sens : il ecrase de toutes ses forces, l'endroit de la blessure. Ce geste va lui sauver la vie.

Il monte dans l'ambulance, sans cesser de presser de ses deux mains, selon les instructions des secouristes. Il fatigue vite, mais il faut a tout prix, eviter que l'hemorragie recidive. Julia est dans le coma. Elle est livide. Le masque de la mort marque son jeune visage. Le pouls est filant.

Vite, vite, il faut arriver avant que le cour ne cesse de battre. La perfusion de serum physiologique, aide a atteindre l'hopital.

A l'arrivee, le cour ne pompe plus ! Elle a perdu six litres de sang. Pour les medecins, elle n'a plus aucune chance de s'en sortir.

Qu'importe ? On fait comme si. On transfuse sans compter ; on ventile artificiellement ; La nuit s'efface lentement ; les medecins sont epuises. Ses amis recitent les Psaumes de David ; prient de toutes leurs forces. Et soudain, le miracle survient ; le cour se remet a battre.. On peut operer. Et elle est sauvee !

Cette semaine, on apprend a Julia qu'un neveu est ne. Elle est folle de joie. Elle l'attendait tant cet evenement !
Avec une volonte incroyable, elle arrive en quelques jours, a remarcher. Elle veut a tout prix participer a la ceremonie de la Brith Mila (circoncision).
Elle demande qu'on lui amene de beaux vetements, des chaussures a talon. et fait venir une coiffeuse a l'hopital.
C'est elle qui amenera dans ses bras, le bebe vers le mohel (circonciseur) !
La vie est quand meme trop belle pour qu'on la laisse filer, comme ça, a vingt ans.
D' soit loue.

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Le Roman d'un Menteur  Par Michel Gurfinkiel
Le Roman d'un Menteur . Ce fut le titre d'une fiction de Sacha Guitry. Et ce pourrait être le sous-titre d'une biographie de Yasser Arafat. Bien sûr, le chef du mouvement palestinien ne manque pas d'excuses. Le Proche et le Moyen Orient ne sont-ils pas, depuis la plus haute Antiquité, les terres classiques du mensonge ? Et surtout, qui mentirait s'il n'y avait point, en face de lui, d'oreilles complaisantes ? Plus Arafat a fabulé, plus il est trouvé d'Occidentaux et même d'Israéliens pour le croire...

Je ne puis procéder, en quelques minutes, à l'analyse critique et la rectification du corpus arafatien tout entier. Je me bornerai à trois mensonges particulièrement exemplaires.

Le premier concerne la naissance du grand homme. Yasser Arafat, Mohamed Abdel Raouf Arafat al-Qudwa al-Husseini de son vrai nom, est issu d'une famille palestinienne de Gaza, originaire d'Égypte et conservant de nombreux liens familiaux dans ce pays. Il affirme être né en 1929 à Jérusalem. Mais aucun document n'étaie cette thèse. Et la maison Al-Saoud, où il aurait passé ses premières années, se situait comme par hasard dans le quartier Moghrabi de la Vieille Ville, aujourd'hui démoli. En revanche sa carte d'identité universitaire de la fin des années quarante, document qui a été retrouvé par des journalistes occidentaux dès les années soixante-dix, le fait naître au Caire. Cela coïncide avec ce que l'on sait par ailleurs de la vie de son père, Abdel Raouf. Ce dernier a quitté Jérusalem pour Le Caire dès 1927 à la suite d'une querelle familiale, et s'est installé définitivement dans cette ville en 1937 à la suite de son veuvage. Emmenant avec lui ses sept enfants.

Deuxième mensonge, touchant également aux jeunes années. Comment Arafat a-t-il échappé à la répression qui en 1954, touche le mouvement nationaliste et intégriste des partisans, dont il est membre depuis son inscription, en 1949, à l'École d'Ingénieurs de l'université Roi Fouad Ier du Caire ?

Les Frères musulmans ont d'abord soutenu, en 1952, la révolution nassérienne. Mais sont rapidement passés dans l'opposition. Et en 1954, un de leurs commandos tente d'assassiner le raïs. La répression est féroce : rafles massives, procès, pendaison des chefs du mouvement. Comme les autres Frères, Arafat est incarcéré. Mais alors que la plupart de ses camarades végètent en prison pendant des années entières, il est libéré au bout de trois mois seulement. Il a affirmé par la suite qu'il a bénéficié de l'intercession de l'un des compagnons de Nasser, Kamal el-Din Hussein : celui-ci a démenti avec un sourire ironique. En fait, Arafat a sauvé sa tête en acceptant de travailler pour les Moukhabarat, les services secrets du régime. " Désegyptianisé ", transformé en " réfugié palestinien né à Jérusalem " , il mène à partir de cette date une carrière de commis voyageur politique. Jusqu'en 1967, date à laquelle, paradoxalement, la nouvelle débâcle égyptienne face à Israël lui permet enfin de s
'émanciper et de commencer une carrière politique indépendante, à la tête de l'OLP.

Troisième mensonge, le plus cocasse peut-être, mais aussi l'un des plus vivaces. Depuis près de vingt ans, Yasser Arafat fait état devant ses visiteurs français d'une " correspondance " qu'il aurait eue " avec le général de Gaulle en 1968 " et montre même qu'il porte au cou une croix de Lorraine que le général de Gaulle lui aurait envoyée à cette occasion.

En 1988, ces propos ayant été publiés par le magazine Paris-Match, je suis allé interroger un témoin de premier plan : l'amiral Philippe de Gaulle, fils du fondateur de la Ve République. Celui-ci m'a accordé une interview, parue dans le magazine Valeurs Actuelles à la date du 12 décembre 1988. Je ne résiste pas au plaisir de la citer : " Je n'ai pas connaissance d'une éventuelle correspondance entre mon père et M. Yasser Arafat ", explique Philippe de Gaulle. " Je n'ai rien vu dans les archives à ce sujet. Les anciens collaborateurs de mon père, que j'ai interrogés, n'en ont pas souvenir non plus ".

Sur l'envoi d'une croix de Lorraine à Arafat, Philippe de Gaulle est encore plus clair : " Cela me surprendrait, dit-il. Mon père n'a jamais donné de croix de Lorraine à qui que ce soit, pas même aux membres de sa famille ".

En dépit de ce démenti autorisé et public, Arafat a continué à colporter cette histoire absurde. Et ce qui est plus grave, Paris-Match n'a pas hésité à l'accréditer une fois encore la semaine dernière. Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose. Surtout quand cela arrange votre interlocuteur.

© Michel Gurfinkiel, 2001.

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Ma part de vérité, par Limor Livnat Jeudi 20 décembre 2001 (LE MONDE)

SOUS prétexte de "dire quelques vérités élémentaires "et sous couvert de leur respectabilité universitaire, Elias Sanbar et Pierre Vidal-Naquet se sont livrés dans les pages de ce prestigieux journal (Le Monde daté 16-17 décembre) à une attaque très politique du gouvernement dont j'ai l'honneur d'être membre.

Voici, messieurs, quelques "vérités élémentaires" que vous avez oubliées.

La conquête de la terre d'Israël par les Hébreux, qui s'étendit sur deux siècles (entre 1200 et 1000 av. J.-C.), aboutit à l'établissement du Royaume d'Israël en 1005 av. J.-C. La destruction du Premier Temple par les Babyloniens en 586 av. J.-C. et celle du Second Temple par les Romains en l'an 70 de l'ère chrétienne ne mirent pas fin à la présence juive en terre d'Israël.

En l'an 164, les juifs constituèrent une force armée pour lutter aux côtés des Perses et libérer Jérusalem du joug byzantin. Ce n'est qu'après l'invasion arabe (636) que les juifs devinrent pour la première fois une minorité dans leur propre pays. Les Espagnols connurent un sort similaire en 711, et ce n'est qu'à l'issue de nombreux siècles de lutte que les deux peuples libérèrent leur pays : huit siècles dans le cas des Espagnols, douze dans le cas des juifs.

Au cours de ces douze siècles, la présence juive en terre d'Israël ne s'effaça jamais, et la reconquête du pays devint l'aspiration suprême du peuple dispersé. Le "retour à Sion"fut et continue d'être le refrain qui scande la prière tri quotidienne, les fêtes et les mariages juifs. Au Moyen Age, la présence juive commença à se renforcer sous l'égide des grandes figures du peuple juif. Au XVIIe siècle, la population juive se renforça à la suite de l'immigration provoquée par le faux messie Shabbtai Zvi et, dès 1868, les juifs constituaient la majorité de la population de Jérusalem. Ce n'est qu'avec l'affaiblissement puis l'effondrement de l'Empire ottoman que la reconquête de la terre d'Israël devint possible.

Les promesses non tenues des Lumières, dissoutes dans le nationalisme et l'antisémitisme européens, convainquirent de nombreux juifs de la nécessité du retour à Sion - une nécessité tragiquement confirmée par la Shoah. L'immigration juive en terre d'Israël, qui s'intensifia dès 1881, contribua à un essor économique sans précédent. Cet essor attira une immigration arabe massive en provenance des autres provinces de l'Empire ottoman.

La terre d'Israël (baptisée "Palestina" par l'Empire romain et rebaptisée "Palestine" par ses descendants anglo-saxons) était quasiment vide et désolée avant les grands mouvements migratoires de la fin du XIXe siècle, comme en témoignèrent tous les archéologues et écrivains qui la visitèrent à l'époque. Thomas Shaw, Constantin Volney, Alexander Keith, J.S. Buckingham, Alphonse de Lamartine, Mark Twain et Arthur Stanley s'accordent tous sur le fait que la "Palestine" était un désert parsemé de rares bourgades.

La restauration de l'Etat d'Israël est l'expression du droit du peuple juif à disposer de lui-même. Pour les juifs, elle constitue l'aboutissement d'une lutte nationale. Nombre d'Occidentaux, en revanche, ignorent ou nient cette continuité et transforment le retour en invasion, la libération en colonialisme. Ils suivent la ligne de pensée de Toynbee qui, ayant décrété que le peuple juif était un "fossile", voyait dans la renaissance d'Israël une anomalie. L'incohérence de cette perception est pourtant évidente : si les juifs sont étrangers aussi bien dans leurs "pays d'accueil" que dans "la terre de leurs ancêtres", où sont-ils chez eux ? Et si leur mouvement de libération nationale est un colonialisme, où est leur métropole ? A Auschwitz ?

Après tout, le peuple juif est le seul peuple du Moyen-Orient qui parle une langue et pratique une religion vieilles de plus de 3 000 ans.

Comme le stipule la Charte de l'OLP, les Arabes palestiniens font partie intégrante de la nation arabe, laquelle nation dispose de vingt-deux Etats. Avec la division de la Palestine mandataire en 1922, les Arabes palestiniens se virent octroyer un Etat sur 80 % du territoire qui fut promis aux juifs en 1920 par la Société des nations. Le roi Hussein le répéta plus d'une fois : "La Jordanie est la Palestine."

Décimés par la Shoah, les juifs durent se résigner à une deuxième amputation de leur pays en 1947 : bien que le plan de partage de l'ONU ne leur attribuât que 10 % de la Palestine mandataire, ils acceptèrent le compromis onusien. Les Arabes le rejetèrent et firent tout pour détruire le minuscule Etat juif. Sûres de leur victoire, les armées arabes sommèrent leurs frères palestiniens de quitter leurs maisons en attendant le retour imminent.

Après la victoire d'Israël, l'Egypte s'empara de Gaza et la Jordanie de la vallée occidentale du Jourdain (rebaptisée "Cis-Jordanie"). Cet état de fait dura jusqu'en 1967, mais pas un pays arabe ne parla de "territoires occupés" ou de reconnaissance d'Israël. C'est en 1964, trois ans avant la guerre de six jours, que Nasser créa l'OLP, non pas pour "libérer" la Cis-Jordanie (alors sous occupation jordanienne), mais pour raser l'Etat juif et le remplacer par une Palestine arabe sous égide égyptienne. La Syrie vit toujours dans l'OLP un cheval de Troie égyptien, et c'est Assad qui déclara à Arafat : "Il n'y a pas de peuple palestinien, et la Palestine fait partie de la Syrie." De fait, Arafat, né au Caire, est Egyptien.

La cause principale de la tragédie palestinienne fut le refus du monde arabo-musulman d'accepter que les juifs fussent souverains en dahr el-islam. Israël ne pouvait négocier le statut final de la Judée-Samarie avec une organisation vouée à sa destruction.

En 1974, l'OLP approuva le "plan par étapes" : accepter dans un premier temps l'établissement d'un deuxième Etat palestinien en Cis-Jordanie et à Gaza pour faciliter la destruction d'Israël. Comment pouvait-on demander à Israël de s'associer à la mise en ouvre de ce programme ?

En 1988, Arafat déclara dans les médias occidentaux qu'il reconnaissait Israël, mais il assura immédiatement aux médias arabes que cette "reconnaissance" n'était qu'une manouvre tactique.

En 1993, il signa les accords d'Oslo puis expliqua peu après, dans une mosquée de Johannesburg, que, pour lui, Oslo n'était que la répétition du pacte signé entre le prophète Mohammed et la tribu qurayshite en 629 : une trêve signée en position de faiblesse pour mieux vaincre l'ennemi, le temps venu.

La politique d'Arafat (dont l'Autorité palestinienne devint souveraine en 1995 sur la totalité de la population arabe de Judée-Samarie) confirma, dès le premier jour, ses véritables intentions : constitution d'une force armée, incitation à la haine antijuive et délégitimation d'Israël dans les médias et! dans les écoles, coopération avec le Hamas et le Jihad islamique, et refus d'abroger la Charte de l'OLP (appelant à la destruction d'Israël). Le tout en violation grossière des accords d'Oslo. Les accords d'Oslo ne comportaient aucune clause exigeant le "gel des implantations" et avaient explicitement repoussé ce sujet aux négociations sur le statut final. Par ailleurs, lesdites "implantations" n'occupent que 1,36 % du territoire de la Judée-Samarie. Et c'est précisément après qu'Ehoud Barak se fut engagé à les démanteler qu'Arafat déclara la guerre, déclenchée après que Barak eut accepté l'établissement d'un Etat palestinien sur 97 % de la Judée-Samarie et 100 % de la bande de Gaza.

En huit ans de règne, Arafat a "réussi" à établir une dictature corrompue, à faire diminuer le niveau de vie des Palestiniens et à attiser la haine entre Juifs et Arabes. Il est personnellement derrière le meurtre quasi quotidien de juifs et continue de tenir son double discours : celui de la paix aux médias occidentaux, celui de la guerre à son peuple. Le gouvernement d'union nationale d'Ariel Sharon est soutenu par une écrasante majorité d'Israéliens dont la volonté d'arriver à la paix a été bafouée par Arafat. Ce gouvernement ne fait qu'appliquer le droit à l'autodéfense en éliminant les bombes humaines avant qu'elles n'explosent dans nos autobus et nos rues piétonnes. Il est prêt à un compromis, mais pas au suicide démographique que veut lui imposer l'OLP. L'espoir ne reviendra que lorsque les Arabes palestiniens remplaceront le terroriste impénitent qui les mène à leur perte par des dirigeants plus raisonnables et moins lâches. Limor Livnat est la ministre israélienne de l'éducation nationale.
(Traduit de l'hébreu par Emmanuel Navon.)  par Limor Livnat 

 

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 UNE INTERVIEW AVEC LE JOURNALISTE ARABE ISRAÉLIEN YOSSEF SAMIR  in Outpost, décembre 2001  (traduit de l’américain)
(Samir a été détenu par la police de l’autorité palestinienne pendant 64 jours. Cette interview, réalisée par Aviel Schneider, a été publiée dans le numéro d’octobre de Israël Heute, Nachrichten aus Israel, un mensuel publié en allemand.)

Le printemps dernier, la police palestinienne a arrêté le journaliste arabe israélien Yossef Samir dans la ville de Beit Jallah, près de Bethléem. Détenu dans un endroit secret pendant 64 jours, cet écrivain né en Égypte a été torturé et interrogé par la police secrète de Yasser Arafat qui l’accusait d’espionner pour le compte d’Israël. Les appels lancés par la famille de Samir à l’Autorité palestinienne sont demeurés lettre morte, les responsables affirmant qu’ils ne savaient pas où il se trouvait. Samir a fini par s’échapper. Couvert d’ecchymoses et épuisé, il s’est rendu au poste de contrôle israélien situé à la frontière entre Bethléem et Jérusalem. Enfin libre, il s’est incliné pour embrasser le sol.
 
Israël Heute : M. Samir, pourquoi la police palestinienne vous a-t-elle kidnappé ?
Samir : Je n’en ai pas la moindre idée. Pendant ma détention, on m’a dit à plusieurs reprises que je devais signer quelque chose. Lorsque j’ai demandé de quoi il s’agissait, on m’a dit que je savais ce qu’ils voulaient dire. Finalement, ils ont dit que je devais avouer par écrit que j’espionnais pour le compte d’Israël.
 
Israel Heute : Où étiez-vous détenu ?
Samir : Je me trouvais dans l’ancien QG de l’armée israélienne à Bethléem, qui est aujourd’hui le siège des forces de sécurité palestiniennes. J’ai été interrogé et torturé par les Tanzim et autres hommes de la sécurité.
 
Israel Heute : Pensiez-vous qu’ils vous libèreraient ?

Samir : Je hurlais de douleur. Je n’ai pas pensé survivre à leur cruauté. Pour la première fois de ma vie, j’ai vraiment eu peur de la mort.
 
Israel Heute : Pensez-vous qu’Israël a suffisamment agi pour assurer votre liberté ?

Samir : Je dirai clairement qu’Israël représente le peuple élu. Je place toute ma confiance dans ce petit pays que j’aime du fond du cœur.
 
Israel Heute : Vos ravisseurs ont-ils manifesté de la compassion pour votre âge ?
Samir : J’ai vu seulement dans leurs yeux à quel point ils haïssent Israël. Mais j’aime les simples Palestiniens, les familles qui veulent vivre en paix. La population palestinienne souffre du régime d’Arafat. De nombreux Palestiniens souhaitent revenir sous domination israélienne.
 
Israel Heute : En tant qu’écrivain étroitement lié aux Palestiniens, pouvez vous nous dire ce qu’ils ressentent ?

Samir : Je serais heureux de vous présenter à des familles palestiniennes quand vous voudrez pour que vous entendiez directement ce qu’on pense d’Arafat. Les Palestiniens le haïssent mais ils sont sans défense.
 
Israel Heute : Mais le monde pousse Israël à négocier avec Arafat.
 
Samir : Israël a joué un rôle dans ce qu’est Arafat aujourd’hui. Qui est Arafat, de toute façon ? Un moins que rien, et il peut aisément être vaincu. Israël devrait reprendre les zones palestiniennes. Croyez-moi, je ne suis pas le seul à penser ainsi. Après ce que j’ai subi, il est de mon devoir de dire la vérité sur Arafat et son gang.
 
Israel Heute : En d’autres termes, vous adopteriez une ligne dure contre le régime d’Arafat ?

Samir : Absolument. Arafat a toujours été et est toujours un terroriste. Mais Israël se préoccupe constamment de protéger la population civile innocente, les églises et les mosquées. Et c’est en fin de compte ce qui met Israël en péril. C’est le cœur juif qui parle ! Israël veut être le gentil dans le combat, mais ne voit pas à quel point c’est insensé parce qu’Arafat continue à tuer quand même.
 
Israel Heute : Mais Arafat s’est engagé à empêcher les attentats terroristes lorsqu’il a signé les accords d’Oslo. Il a même reçu des armes à cette fin, de la part de Yitzhak Rabin.

Samir : C’est l’une des erreurs majeures d’Israël. Comment Israël peut-il croire qu’Arafat allait combattre le terrorisme avec ces armes et ne pas l’attaquer ?
 
Israel Heute : Dans les zones placées sous l’Autorité palestinienne, les critiques s’intensifient à l’égard d’Arafat. Pourquoi n’est-il pas évincé ?

Samir : Leur peur d’Arafat leur fait penser qu’ils doivent lancer des pierres contre les Juifs, mais ils n’osent pas le renverser.
 
Israel Heute : A la Conférence contre le racisme à Durban, en Afrique du Sud, le sionisme a été assimilé au racisme. En tant que musulman, comment considérez-vous cela ?

Samir : C’est totalement absurde. Arafat est un assassin et un dictateur et c’est lui qui prêche au monde les droits de l’homme – et le monde gobe ! C’est tout simplement incroyable. 
 
Israel Heute : Néanmoins, la communauté internationale semble montrer plus de compréhension pour Arafat que pour Israël.

Samir : Ils sont tout simplement aveugles. Mais c’est en partie de la faute d’Israël. Shimon Pérès croit qu’il peut changer les Arabes, mais il attire Israël dans un piège politique. Si je devais avoir confiance en quelqu’un, ce ne serait qu’en Ariel Sharon.  

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Télévision et radio palestiniennes détruites par Israël : extrait des programmes.
Sermon du vendredi sur la télévision palestinienne

Comme chaque semaine, la télévision de l'Autorité palestinienne a diffusé le sermon du vendredi de la mosquée du Cheikh Ijlin à Gaza. Cette semaine, le prêcheur était le Cheikh Ibrahim Madhi, qui est aussi professeur d'hydrologie et d'écologie à l'université Al-Aqsa de Gaza. Voici des extraits de son sermon, interrompu au milieu en raison de problèmes technique:

"Oh bien-aimés de Allah. Nous ne devons jamais oublier qui sont les Juifs, comment ils voient Allah, ce qu'ils pensent des prophètes et des apôtres, et ce qu'ils en disent dans leurs livres saints - c'est-à-dire dans les livres qu'ils appellent "livres saints". Nous devons toujours garder en tête la vision qu'ils ont du prophète Mahomet, la corruption dont ils souillent le monde, surtout le monde arabe et musulman.

"Oh bien-aimés de Allah, qui sont les Juifs Voilà comment ils voient Allah: ils ont dit que sa main était enchaînée, mais c'est leur main à eux qui est enchaînée, et ils sont maudits pour avoir prononcé ces mots. Selon les croyances juives, et comme il est écrit dans certains de leurs livres saints, tel le Talmud, Allah divise son temps en trois tiers: une partie du temps il pleure. Pourquoi donc Parce que son peuple [élu] est dispersé aux quatre coins du monde. Un tiers du temps il s'amuse avec les baleines, et le dernier tiers est passé à ne rien faire de particulier. Voilà quelle est leur croyance pervertie sur Allah.

"Oh bien-aimés de Allah. Une des actions maléfiques des Juifs est ce qu'on appelle l'holocauste, c'est-à-dire le massacre des Juifs par le nazisme. Mais des historiens révisionnistes ont prouvé que ce crime colporté contre une partie des Juifs, avait été manigancé par les dirigeants juifs et représentait une tactique politique. Voilà qui sont les Juifs contre qui nous nous battons, oh bien-aimés de Allah!

"Et nous, comment considérons-nous les Juifs Allah les a décrits comme des ânes qui doivent porter les livres de la Torah - mais ils ne les ont pas portés. Notre croyance, qui est la vérité, est qu'Allah est en colère contre eux. Ils sont maudits de la malédiction d'Allah dans ce monde et dans le monde futur. C'est pourquoi nous leur disons, par pure amitié: "Oh Juifs, retrouvez votre bon sens, retournez à la vraie foi: convertissez-vous à l'islam."

"Nous pensons que l'escalade de cette guerre qui nous oppose aux Juifs continuera jusqu'à ce que nous ayons vaincu les Juifs et que nous entrions à Jérusalem en conquérants, à Jaffa en conquérants. Nous ne nous contenterons pas d'un Etat palestinien avec Jérusalem pour capitale; nous proclamerons la création d'un califat islamique qui aura Jérusalem pour capitale.

"Oh bien-aimés de Allah, comme nous l'avons toujours dit: quand les guerres entre musulmans et infidèles reprennent, les martyrs et les musulmans morts au combat vont au paradis. Par contre, ceux qui ne sont pas morts pour l'islam après que le prophète Mahomet eut délivré son message. termineront dans les flammes de l'enfer." (1)

(1) Télévision de l'Autorité palestinienne, le 21 septembre 2001

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Les Arabes veulent toujours détruire Israël, Israël n'est pas l'obstacle à la paix.
par Daniel Pipes
traduction de Norbert Lipszyc spécialement pour Reponses-Israel
En juin dernier, la télévision palestinienne a diffusé un sermon donné à la mosquée de Gaza dans lequel l'imam Ibrahim Madi faisait la déclaration suivante : "Si Dieu veut, cet état injuste qu'est Israël sera effacé; cet état injuste que sont les États-Unis sera effacé; cet état injuste qu'est la Grande Bretagne sera effacé." Cette douce admonestation du Sheikh revient à l'esprit lorsque les efforts des Palestiniens pour construire leur arsenal et les attaques continuelles contre les civils israéliens sont exposées ces temps-ci. L'attentat le plus récent a été mené contre une salle de cérémonie jeudi dernier, quand un Palestinien a utilisé un fusil d'assaut pour tuer cinq Israéliens (NDLR : nombre diffusé au moment où l'auteur a écrit cet article) et plus de 30, nombre de victimes beaucoup plus faible que si les explosifs qu'il portait avaient explosé comme prévu.

Même si la situation américaine semble très différente de celle d'Israël, les remarques du Sheikh Madi nous rappellent que les forces de l'Islam fondamentaliste les voient comme semblables. Aussi, si nous avions besoin de nous souvenir que la guerre contre le terrorisme va bien au delà de la campagne en Afghanistan, les Palestiniens offrent a puissant rappel. Le régime islamique militant en Afghanistan est peut-être passé à l'histoire, l'islamisme militant lui est toujours présent.

Osama bin Laden a déclaré il y a de nombreuse années la djihad contre tous les Chrétiens et tous les Juifs, et son ami le Mollah Omar, le dictateur Taliban, a évoqué publiquement "la destruction de l'Amérique", qui, espérait-il, devait intervenir "dans un temps très proche". Le fait que les leaders islamiques militants souhaitent le même sort à Israël ne devrait surprendre personne. Le plus puissant d'entre eux, le leader suprême d'Iran l'Ayatollah Ali Khamenei, a récemment appelé à ce que "la tumeur cancéreuse qu'est cet état soit retirée de la région."

Les deux situations sont bien sûr différentes. La djihad contre les États-Unis est plus récente, moins avancée, et moins soutenue par les by éléments musulmans non islamiques. Mais, surtout maintenant, les États-Unis ayant formellement déclaré la guerre au terrorisme, la cause des deux états devient de plus en plus commune.

Comme nation cible, Israël est un peu plus expérimenté. La tentative de détruire l'état juif se poursuit depuis sa naissance en 1948. Pendant plus d'un demi-siècle la majorité des Arabes ont constamment considéré l'état d'Israël comme une donnée temporaire, un ennemi dont ils pourront un jour se débarrasser, pour autoriser, au mieux, les Juifs à vivre comme un peuple soumis en "Palestine." Au pire, qui sait?

Quand Israël a été créé, les Arabes ont naturellement cru qu'ils allaient le détruire. Mais Israël a fait quelque chose de bien. Pendant 45 ans l'état s'est défendu avec une force et une détermination qui ont, en 1993, laissé les Arabes groggy. Israël aurait dû à ce moment poussé son avantage, pour obtenir une fois pour toutes, la reconnaissance de son droit à exister.

Au lieu de cela, les Israéliens ont commis ce qui est devenu l'erreur historique de se relâcher. Plutôt que de poursuivre la victoire, ils ont offert des compromis avantageux à leurs deux principaux ennemis les Syriens et les Palestiniens.

Comme on pouvait le prévoir, ces offres se sont retournées contre eux : au lieu d'être considérées comme des concessions stratégiques visionnaires, destinées à terminer le conflit, elles furent interprétées comme des signes de la démoralisation d'Israël. Le résultat fut que les espoirs arabes de détruire Israël par la force des armes et un regain de violence reprirent de la vie. La diplomatie, en d'autres termes, fit renaître sans le vouloir les rêves arabes d'éradiquer l'état juif.

Il est évident que ce mur de rejet arabe fait du mal à Israël, l'empêchant de mener une vie comme une nation normale, soumettant sa population à des attaques meurtrières, et le forçant à prendre des mesures sévères contre ses voisins. Mais Israël prospère malgré ces attaques, se prévalant d'un haut niveau de vie, d'une politique démocratique et d'une culture vivante.

L'ironie majeure de cette situation est que ce sont les Arabes qui paient le prix le plus élevé de leur désir de destruction. La concentration des Arabes en vue de faire du mal à l'état juif a empêché un peuple digne et talentueux de réaliser ses potentiels.

Cela signifie qu'ils néglige tout ce qui pourrait améliorer leur propre niveau de vie, ouvrir leurs processus politiques en vue d'atteindre un état de droit. Le résultat est évident : les Arabes sont les leaders mondiaux en dictatures, états bandits, conflits violents et dépenses militaire.

 Obtenir que les Arabes se réconcilient avec l'existence d'Israël est plus facilement dit que fait. Ce reste la seule solution, maintenant et à l'avenir. Seul un mouvement du coeur permettra de conclure ce conflit centenaire et à Israël d'atteindre la normalité, et donnera aux Arabes une chance de progresser sur le chemin de la modernité.

Cette interprétation du conflit Israélo-arabe met le blâme sur les Arabes, ce qu'on a peu l'habitude de faire ces temps-ci. La compréhension commune a viré tellement que même des Israéliens ont tendance à considérer que l'acceptation d'Israël par les Arabes est un fait accompli, transférant le poids de l'action sur Israël sous la forme de concessions (transférer les hauteurs du Golan, des quartiers de Jérusalem, etc.). Mais si cette position était crédible en 1993, la rhétorique enflammée et les roulements de tambour des Palestiniens et le rythme de leur violence démontre que tout ceci n'a été qu'un mirage.

Israël a maintenant la tâche peu enviable de convaincre les Arabes que leurs rêves de destruction échoueront. Dans les faits cela se traduit par force et résolution. Cela signifie devenir craints et pas aimés. Ce processus ne sera ni plaisant à l'intérieur, ni populaire que le plan international. Mais quel choix y a-t'il ? L'échec du processus de négociation d'Oslo a montré avant tout que toute tentative pour une solution rapide est vouée à l'échec.

Comprendre le conflit de cette manière a des implications profondes. Cela signifie que le monde extérieur, toujours pressé de résoudre le conflit Israélo-Arabe, ne pourra vraiment aider qu'en prenant conscience de la donnée de base qu'est le rejet permanent d'Israël par les Arabes. Il doit reconnaître la situation difficile où se trouve Israël, accepter son besoin d'être dur et faire pression sur les Arabes pour changer fondamentalement de direction.

Pour beaucoup de gouvernements, y compris celui des États-Unis, cette approche requiert un changement à 180° par rapport à leur politique actuelle de baser un succès dans les négociations sur des concessions de la part d'Israël. Un tel retournement politique ne sera pas facile, mais c'est une condition préalable indispensable à quiconque à l'ambition de terminer le conflit Israélo-Arabe.
Mr. Pipes est le directeur du Middle East Forum basé à Philadelphie.
© Daniel Pipes, Wall Street Journal, 20 janvier 2002.

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Durban-sur-Seine LE MONDE | 21.01.02 | 12h14 | 
APARTHEID : le mot est lâché et recouvre toute la page. Le Monde du 28 décembre 2001 a publié un long article où l'écrivain François Maspero relatait avec beaucoup d'émotion ce qu'il a vu dans la bande de Gaza, à Bethléem et Ramallah lors d'un voyage qu'il entreprit dans les territoires palestiniens vers la mi-décembre.
Dans un chapeau introductif, Le Monde précise que ce que l'écrivain a vu "évoque à ses yeux les bantoustans d'Afrique du Sud au temps de la discrimination raciale". Le ton est donné même si le récit est saisissant. Nul doute que, pour celui qui vit loin de la région et ne subit pas les affres quotidiennes d'un conflit qui atteint à l'heure actuelle son presque paroxysme, le bruit des avions israéliens et l'avancée des chars de Tsahal peuvent choquer. De la même manière, nul doute que les souffrances qu'endure la population palestinienne dans sa quotidienneté peuvent toucher.
Mais toute significative que soit la situation décrite, François Maspero ne s'est rendu que dans les territoires palestiniens et la situation dépeinte n'est guère spécifique aux seuls territoires palestiniens. Il eût été tout aussi significatif et intéressant que François Maspero daigne se rendre en Israël et veuille évoquer - ne fût-ce qu'évoquer - ce que les Israéliens subissent également.
Certes, les rues de Tel-Aviv ou de Haïfa n'ont pas le même aspect ; certes, Israël affiche par contraste sa force militaire. Pourtant, il n'est pas une ville israélienne qui n'ait été ces dernières années, mois, semaines ou jours, la cible d'attentats aveugles et sanglants. Il n'est pas un lieu où ne résonne en écho le bruit assourdissant de la voiture piégée ou du kamikaze fou et qui n'en porte les stigmates. Il n'est pas une école, un collège ou un lycée qui ne soit devenu un blockhaus, et des parents ou des enseignants qui ne s'inquiètent pour leurs enfants et élèves. Il n'est pas une station de bus où serait absente l'angoisse des usagers des transports publics qui regardent ostensiblement autour d'eux de crainte qu'un passager ne se fasse sauter ou qu'un colis suspect n'explose. Il n'est pas un grand magasin ou un centre commercial où vous ne soyez contrôlé de peur qu'un attentat ne soit commis, pas une rue qui ne soit protégée, pas un carrefour qui ne soit surveillé, pas un lieu qui ne soit soumis à un contrôle strict qui paralyse aussi la vie quotidienne et use les habitants de ce pays.
Il n'est pas une famille non plus qui n'ait perdu lors des cinq guerres qui ont jalonné l'histoire de ce pays, l'un de ses membres. Pas une famille qui ne compte une ou plusieurs personnes à avoir été blessées ou à avoir perdu la vie lors d'attentats sanglants.

Là aussi, si François Maspero comptabilise le nombre de blessés et de morts palestiniens, il eût été décent d'évoquer la souffrance des Israéliens. La vision manichéenne l'emporte pourtant. Il est trop simple de ne considérer que les seules souffrances palestiniennes pour décréter que les Israéliens se comportent en "nouveaux barbares", qu'ils agissent même en connaissance de cause ou en vertu d'une indifférence qui leur serait naturelle. A moins qu'Israël ait voulu ériger des bantoustans aux seules fins de légitimer une politique délibérée de ségrégation raciale : l'apartheid !

Apartheid : le mot blesse, évidemment. L'allusion placardée dans le chapeau du Monde, le titre de l'article frappent, choquent. Nul ne semble pourtant s'être posé la moindre question. L'article en l'état et son titre sont publiés et annoncés en première page. Naïvement, les signataires du présent point de vue - qui estiment que la politique israélienne comme celle de tout autre Etat peut être soumise à la critique - pensaient cependant que de telles allusions seraient délibérément écartées, tant elles faussent le débat, jettent l'anathème, font injure à l'humanité et procèdent de l'idéologie.

Car de quoi parlons-nous en réalité ? De territoires palestiniens sans continuité territoriale ou d'apartheid ? Nous savons qu'avec les accords d'Oslo, les territoires ont été répartis en 3 zones. Les zones dites A (sous administration directe de l'Autorité palestinienne) et B (administrées par les Palestiniens mais restant sous contrôle israélien) jouissent d'un statut intérimaire qui vise à devenir définitif.

Faut-il rappeler que lors des négociations qui se sont tenues à Camp David sous l'égide du président Bill Clinton, puis à Taba, le tracé des frontières fut débattu par les négociateurs ? Les Israéliens proposèrent aux Palestiniens la presque totalité des territoires revendiqués. Pourquoi Arafat n'a-t-il pas voulu se saisir de cette opportunité et mettre un terme au conflit ? Les Palestiniens ont des droits et les Israéliens en conviennent puisque les sondages révèlent qu'une majorité d'entre eux approuvent l'idée même de la création d'un Etat palestinien. Si cet Etat voyait le jour, Israël serait le premier Etat au monde à le reconnaître.

De quoi parlons-nous en réalité ? D'apartheid ou d'état de guerre ? Est-ce qu'un Etat au monde - la France par exemple - accepterait que son territoire subisse le terrorisme, que sa population soit mise en danger ? Quel Etat au monde accepterait que sa capitale soit visée ? Lorsqu'un kamikaze menace de se faire sauter, les forces de l'ordre doivent-elles laisser faire et se contenter de compter le nombre de victimes ? Lorsque des soldats pénètrent dans un village ou que le bouclage des territoires devient effectif, est-ce pour créer un imaginaire bantoustan ou traquer les terroristes qui s'y camouflent, trouver des armes et se substituer à une Autorité palestinienne trop souvent inerte en la matière ou qui instrumentalise le terrorisme ? Lorsque les Israéliens prennent des routes de contournement, est-ce par racisme ou pour se protéger de caillasses, tirs et attentats ?

Certes la réalité sur le terrain est cruelle, mais cette situation est due à la guerre qui s'y déroule.

Pourquoi faut-il que François Maspero utilise des termes blessants pour légitimer une cause pour laquelle il éprouve de la sympathie ? Nous rappelons que les pressions qui ont été faites par une multitude d'organisations non gouvernementales africaines et arabes lors de la conférence mondiale sur le racisme qui s'est tenue à Durban, les insupportables manipulations et dérives antisémites qui ont culminé dans un paroxysme inouï, auraient dû marquer les consciences. Elles visaient à disqualifier l'Etat d'Israël, à le mettre au ban des nations, à lui dénuer toute légitimité et droit d'exister sous prétexte qu'il pratiquerait l'apartheid et pis encore - ou plus pitoyable encore - qu'un génocide serait commis contre le peuple palestinien.

Dans ce tourbillon, ce déchaînement intolérable d'invectives proférées par Yasser Arafat, Fidel Castro, Joseph Kabila ou Abdelaziz Bouteflika - qui sont tout sauf des modèles de démocratie - toute logique s'évanouit, tant les passions l'emportent, tant la haine se répand. Les mots sont totalement vidés de leur sens, les références historiques sont délibérément gommées, viciées, falsifiées. Là encore, un seuil de violence insupportable est franchi.

Quel est le but recherché ? Salir Israël, lui jeter l'opprobre, le donner en pâture, vilipender et outrager le monde juif ? Il est étonnant qu'en France également tout un courant se prête - et avec quelle délectation - à ce jeu pervers qui consiste à délégitimer Israël. Comme une revanche de l'histoire dans le pays même (la France) ou l'idée de fonder un Etat juif fut conçue au moment ou l'antisémitisme se donnait libre cours pendant l'affaire Dreyfus.

La tentative de stigmatiser Israël à Durban a été rejetée par la communauté internationale. Elle ne saurait réussir à Durban-sur-Seine.

Raphaël Draï, professeur en science politique à l'université aix-marseille-III. Patrick Gaubert, président de la licra.Alain Jakubowicz, avocat. Serge Klarsfeld,avocat. marc knobel, chercheur au centre Simon Wiesenthal, à paris. Jacques Leyris, médecin. Franklin Rausky, maître de conférences en psychologie clinique à l'université louis-pasteur de strasbourg. Jacques Tarnero, chercheur associé au cnrs. Robert Redeker, professeur de philosophie au lycée pierre-paul-riquet, à saint-orens (haute-garonne), membre du comité de la rédaction de la revue "les temps modernes" Richard sebban, avocat. Shmuel Trigano, professeur de sociologie à l'université paris-x - nanterre

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La notion de "cycle de la violence" est un mensonge moyen-oriental
By Yossi Klein Halevi. Traduction de Bernice Dubois spécialement pour "Reponses-Israel".
 
D'un côté il y a des fanatiques religieux qui sont violents et odieux mais sont discrédités par le grand public et répudiés par la plupart des dirigeants religieux. De l'autre, il y a des fanatiques religieux qui sont violents et odieux et sont célébrés par le grand public comme des saints.
Un côté est prêt à un compromis pour la paix et a abandonné son rêve de posséder entièrement la terre contestée. L'autre côté insiste sur la propriété absolue de toute la terre. Un côté est prêt à ne plus se disputer sur l'histoire pour donner la priorité à l'avenir. L'autre côté continue à mener des guerres médiévales contre des infidèles.
Un côté est arrivé à la conclusion difficile que les deux côtés dans ce conflit qui dure depuis des décennies ont infligé et souffert des injustices. L'autre côté maintient qu'il est seul a avoir souffert l'injustice et attribue tous les torts à son ennemi.
Un côté croit qu'il s'agit d'un conflit tragique entre deux mouvements nationaux légitimes. L'autre côté maintient que c'est un conflit entre des indigènes et des intrus étrangers.
Un côté avait tellement assez d'être un "occupant" qu'il a donné le pouvoir à son ennemi mortel, a armé ses forces terroristes et lui a offert une souveraineté partagée sur sa ville capitale. L'autre côté râle contre l'injustice d'une occupation à laquelle l'occupant a proposé de mettre fin.

 Un côté a accepté des compromis internationaux pour une solution paisible au conflit du Proche Orient, à commencer par la Commission Peel en 1937, en passant par le Plan de partage de l'ONU en 1947, par Camp David en 2000 et Taba en 2001. L'autre côté a répondu à chacun de ces compromis par le terrorisme et la guerre, puis se plaint au monde de l'injustice de ses défaites.

Un côté s'est tourné vers son dirigeant dur actuel seulement après que son dirigeant pour la paix est revenu des négociations avec la guerre comme contre proposition. L'autre côté n'a jamais produit une direction engagée au compromis.

Un côté enseigne des chants de paix à ses enfants. L'autre côté enseigne des chants de sang et de feu à ses enfants.

Un côté maintient des média libres qui critiquent leur propre gouvernement et armée et relate les souffrances de l'autre côté. L'autre côté maintient des média contrôlés qui dit à son peuple que l'Holocauste n'a jamais eu lieu et que le 11 septembre était un coup bien mérité contre les États Unis.

Un côté s'angoisse et débat quand son armée commet un acte immoral. L'autre côté danse dans la rue quand on commet des atrocités en son nom.

Un côté tente d'empêcher des morts civils pendant les batailles. L'autre côté définit la bataille comme une guerre contre des civils.

Un côté produit des mères qui protestent contre l'envoi de leurs fils à la guerre. L'autre côté produit des mères qui vantent les morts par suicide de leurs fils terroristes et déclarent leur accord pour sacrifier encore davantage de fils pour la cause.

Cela ne s'appelle pas un cycle de violence.

Yossi Klein Halevi est le correspondant en Israel de The New Republic et fait partie de l'équipe de rédaction du Jerusalem Report. Son dernier livre est "At the Entrance to the Garden of Eden: A Jew's Search for G-d with Christians and Muslims in the Holy Land."
© Jewish World Review Jan. 24, 2002

HAUT DE LA PAGE

"J'avais tort de croire à Oslo. Les leaders palestiniens ont historiquement toujours fait les mauvais choix."
Le Professeur Bernard Lewis à propos de Bin Laden, l'Intifada, et la nouvelle menace iranienne.
Traduction CID - Pinhas Konopnicki spécialement pour Reponses-Israel

Bernard Lewis, professeur émérite de l'université de Princeton, est considéré par la plupart de ses collègues comme le plus grand historien du monde musulman de notre génération. Il est juif, né à Londres, et octogénaire. Parmi ses nombreux étudiants on trouve des professeurs et des analystes qui travaillent dans les universités en Israël et dans les pays arabes. Son âge se voit à peine: il se déplace facilement, manifeste un sens de l'humour ironique, clairement conscient de son importance. Il voyage beaucoup. Il visite fréquemment Israël en tant qu'invité de l'université de Tel Aviv, et il rend parfois visite aux pays voisins aussi, mais il refuse de manière compréhensible d'en parler. Les gouvernants le consultent fréquemment et il a été très demandé l'année passée. L'amplitude de ses connaissances et ses vues décisives ont pour but d'aider les décideurs en Occident à élaborer leur politique vis-à-vis du monde musulman.

"Le Patriarche des Orientalistes", comme on l'appelle dans la presse américaine,  se range parmi les partisans des valeurs libérales classiques. Il est souvent attaqué  parce qu'il refuse de se conformer à l'esprit du temps, pour lequel la voix du relativisme [culturel] est forte, c'est-à-dire la prudence quand il s'agit de juger les autres cultures du point de vue de la culture occidentale. Lors de sa plus retentissante controverse, il affronta Edward Saïd, le célèbre professeur palestinien de littérature, dont le livre "L'Orientalisme" condamnait Lewis et les universitaires comme lui. Il dénonçait leurs études comme étant d'autres moyens que l'Occident utilise pour renforcer son pouvoir impérialiste.

On peut supposer que l'entretien suivant durcira ses adversaires et encouragera les israéliens rendus perplexes [par la situation actuelle]. Ariel Sharon peut trouver dans ses mots des encouragements pour sa position affirmant la nécessité d'une victoire complète avant de faire le moindre geste.

Yedioth Acharonot:  Vous aviez chevillé tous vos espoir au processus d'Oslo?

Bernard Lewis:  C'est exact.

YA.:  Cette thèse s'est-elle avérée fausse?

B. L.:  À mon grand regret, je dois admettre que j'ai fait une erreur.

Y.A.:  D'où provient cette erreur de jugement ?

B. L.:  Historiquement, les leaders palestiniens n'ont cessé de faire les mauvais choix, systématiquement. Cela a commencé par leur refus des termes de la Commission Peel [1937] et leur rejet du plan de partage de l'ONU.  Il ont fait des erreurs dans le choix de leurs amis:  pendant la deuxième guerre mondiale ils ont choisi les Nazis, pendant la guerre froide ils ont choisi le Bloc Soviétique et dans la guerre du Golfe ils se sont joints à Saddam Hussein. Ont-ils un instinct étonnant qui les pousse au bord de la destruction?  Pas du tout. Ils se sont tournés vers les ennemis de leurs ennemis et c'est naturel. Après l'effondrement du  Bloc Soviétique, ils n'avaient à nouveau plus de super puissance protectrice, et après la guerre du Golfe,  même la plupart des gouvernements arabes étaient dégoûtés d'eux,  en particulier ceux qui pouvaient leur offrir une aide financière. Dans ces circonstances, j'ai pensé que le gouvernement de Rabin avait raison de faire le choix qu'il faisait, mais il s'est trompé dans le choix de son associé pour le processus."

YA.:  Arafat?

B. L.:  Oui, l'idée d'amener Arafat de Tunis était une erreur.

Y.A.:  Israël a essayé de parler avec les leaders palestiniens dans les territoires occupés, mais à la conférence de Madrid il a été démontré qu'ils n'y avaient aucun leader à part lui.

B. L.:  Il est vrai que selon la résolution de la ligue arabe, l'OLP est la seule organisation représentative des Palestiniens. Avec le peu de recul historique dont nous disposons, il m'est difficile de juger s'il aurait été meilleur d'insister pour lui trouver une alternative; peut-être n'y avait-il aucun autre choix.

Y.A.:  Dans une entrevue vous avez dit que ceux qui ont conduit les négociations des deux côtés étaient des amateurs complets.  Qu'avez-vous voulu dire?

B L.:  Il est clair qu'ils n'étaient pas des diplomates professionnels et qu'ils n'avaient pas beaucoup d'expérience dans la conduite de négociations.

Y.A.:  Quelle était la grande erreur des négociateurs à Camp David?

B. L.:  Ils ont oublié qu'il ne s'agissait pas simplement d'une question des négociations entre leaders, mais entre deux civilisations différentes. Il est très facile de se tromper et d'interpréter votre adversaire selon votre vision du monde. Je vous donnerai  un exemple.  Je pense qu'Israël avait raison d'entrer au Liban, et je me rappelle comment son armée a été reçue en tant qu'armée de libération, avec des fleurs et de la musique, mais dès le moment où le travail était terminé, il était nécessaire de se retirer. Le retrait récent, comme il a été entrepris sans accord, avec abandon des amis et des armements, a été interprété par les Palestiniens et les autres Arabes comme un signe de faiblesse. De l'expérience du Hizbollah, ils ont déduit que les Israéliens étaient mous, choyés, et que s'ils étaient frappés -- ils se rendraient. Ces choses ont été dites explicitement par les Palestiniens.

Y.A.:  Les deux cultures interprètent-elles différemment les concepts de "compromis équitable" et "voir la réalité en respectant le point de vue de l'ennemi"?

B. L.:  Laissez-moi être précis: La culture musulmane est caractérisée par la générosité du vainqueur. Le vainqueur musulman n'écrase pas le visage du vaincu dans la poussière, mais le résultat du combat doit être clair des deux côtés. Un combat qui se termine dans l'indécision est une invitation aux problèmes. Les Ottomans nous ont fournis beaucoup d'exemples de cette conduite: ils ont écrasé des rebelles d'une main puissante et d'un bras étendu, mais n'ont pas humilié le vaincu, ils ont fait preuve de générosité envers eux et les ont même aidés à se réhabiliter. Si celui qui est au pouvoir ne déploie pas tout ses efforts pour faire advenir une victoire de cette nature, sa conduite est interprétée comme poltronnerie.

Un autre exemple des interprétations différentes de conduite est  la signification des us et coutumes : J'ai visité la Jordanie quelques temps après la signature des accord de paix sur lesquels les Jordaniens fondent beaucoup d'espoir, et j'ai trouvé les Jordaniens agités par la conduite des touristes israéliens qu'ils ont vu comme provocatrice et humiliante. Il m'a été difficile de leur expliquer que les Israéliens se comportent de cette façon même entre eux. Les Israéliens, qui semblent être le peuple le moins poli du monde, ne sont pas compris par les Arabes, dont la culture a les meilleures manières du monde. Ce n'est pas une affaire d'étiquette surannée, mais de comportement dont la portée inclut les relations entre les peuples. Le manque de courtoisie des soldats israéliens aux points de contrôle a des répercussions terribles et quelques choses doit être fait à ce propos.

Y.A.:  Vous n'avez pas une tendance à exagérer le choc des différences entre les cultures?

B. L.:  Ces différences sont d'une importance énorme. Regardez, le monde chrétien et le monde musulman ont eu des frictions et se sont combattus sur beaucoup de fronts pendant un millénaire. A la fin du 18ème siècle, les universités en Occident avaient des douzaines de départements d'études orientales et des centaines de traductions de l'arabe,  du Persan, et les travaux turcs ont été imprimés. Le monde occidental mourrait d'envie de connaître son adversaire historique, mais une part de cette curiosité n'a pas été donnée au monde musulman. Là-bas, ils n'ont pas appris les langues de l'Occident, il n'ont pas pris goût à l'histoire et à la pensée occidentale et n'ont pas traduit beaucoup de littérature en Arabe. Les choses ont changé en quelque sorte quand la puissance de la menace de l'ouest est devenu claire pour eux, mais même maintenant, si vous entrez dans une librairie en Israël, vous trouverez facilement des traductions de la littérature arabe et des livres concernant l'histoire arabe et musulmane. En revanche, si vous entrez dans une librairie dans un capitale arabe et recherchez des livres sur Israël, sur le Judaïsme et même sur le Christianisme, pratiquement tout ce que vous trouverez est de la propagande. La curiosité concernant les autres cultures est un phénomène occidental saisissant. Dans toutes les grandes cultures, à l'exception de la culture occidentale, la préoccupation pour les autres cultures ne surgit qu'en présence d'une menace."

Y.A.:  Je me dois de demander si cette situation concernant les cultures est permanente, ou un résultat des circonstances, susceptible de changer.

B. L.:  Elle n'est certainement pas permanente, mais elle est profondément enracinée, plus que ce que beaucoup de gens aiment à penser. Par exemple, beaucoup indiquent que seulement 2 des 57 pays musulmans ont un gouvernement semi démocratique, mais ceci ne rend pas compte du fait que les musulmans manquent de la capacité de développer leur propre version de la démocratie, qui ne ressemblera à aucune démocratie occidentale.

Y.A.:  De quel deux pays voulez vous parler?

B L.:  La Turquie et le Bangladesh. La Turquie est un exemple merveilleux, qui prouve qu'il est très difficile d'établir une démocratie libérale dans une culture avec une ancienne tradition autocratique , mais qui montre également que ce n'est pas impossible.

Y.A.:  L'éclatement de la deuxième Intifada a été interprétée par beaucoup  d'israéliens, peut-être la majorité, comme une preuve décisive que les Palestiniens ne sont pas intéressés par un compromis, mais cherchent une victoire un complète. Comment expliquez-vous l'Intifada?

B. L.:  Je vous ai déjà dit que le retrait du Liban a eu un grand  influence sur la décision des Palestiniens de reprendre la lutte armée. Israël est dépeint comme un pays qui ressemble à l'Amérique et aux Américains, qui a fui le Vietnam et s'est extirpé à toute vitesse du Liban et de Somalie, cette conduite prouvant qu'ils sont gâtés et pas prêts à essuyer des pertes. De même pour les israéliens, qui sont devenus riches et donc mous et gâtés. L'Amérique et Israël sont des amis étroits et les Palestiniens ont utilisé l'exemple de la conduite de l'Amérique dans l'analyse de la conduite prévisible d'Israël.

Y.A.:  Il y a quelques années vous avez publié un article qui a eu un grand impact :  "Les Racines de la Rage Musulmane". Accepteriez-vous de cerner les idées fondamentales de l'article et de les mettre à jour à la lumière de ce qui s'est produit depuis qu'il a été publié.

B. L.:  De nos jours, dans l'ensemble du monde musulman, un sentiment de crise et de frustration prédomine. Tout est confus.  Pendant plus de mille ans, les Musulmans se sont habitués à la croyance, justifiée en son temps, qu'ils représentaient la partie la plus avancée du monde, et qu'ils étaient ceux qui fixaient les normes en politique, dans l'économie et les sciences. A l'époque contemporaine, les Musulmans en sont venus à se rendre compte que leur puissance s'était affaiblie et que même adopter  la technologie occidentale n'était d'aucune aide. Les idées occidentales du socialisme et  de capitalisme n'ont pas stoppé la détérioration économique, et alors la croyance a surgi que le salut devait être trouvé dans l'adoption du style de gouvernement démocratique occidental. Le plus malheureusement du monde, les événements ont démontré que le seul style occidental qui ait réussi à prendre racine dans le monde musulman était la dictature, basé sur un parti unique. L'indépendance politique n'a pas engendré la liberté. La réaction à ces déceptions est une résistance à toutes les idées importées de l'Occident et de blâmer celui-ci pour tous les maux qui ont découlé de la tentative échouée d'imiter sa culture.

Maintenant il y a deux options : certains estiment que l'échec provient de l'abandon des traditions anciennes, mettant de côté l'authentique culture islamique.  Les deux versions principales qui proviennent de ce sentiment sont le Fondamentalisme Wahhabite qui est diffusé par les Saoudiens, et le Fondamentalisme Chiite Iranien. L'autre option, qui adhère aux positions modernes, affirme que l'échec provient du fait que les Musulmans n'ont adopté qu'une fraction superficielle de la culture occidentale et non de son contenu profond, et donc qu'il est  nécessaire d'introduire ces valeurs occidentales dans toute leur profondeur.  Dans tout le monde musulman il y à des gens qui pensent de cette façon, mais les dictatures rendent difficile de l'exprimer ouvertement.

Y.A.:  Osama Ben Laden est-il l'expression extrême de la première option?

B L.:  Naturellement.  Mais ici on doit souligner l'importance du pétrole arabe. Les bénéfices énormes que les Saoudiens ont accumulés leur ont permis de développer un réseau d'écoles avec beaucoup de filières qui cultivent le Fondamentalisme Wahhabite.  Sans le pétrole, il est possible que ce mouvement  soit demeuré un phénomène millénariste dans un pays marginal.  En général, le pétrole est le désastre des Arabes, parce qu'il a permis à des gouvernements d'accumuler d'énormes richesses qui renforce leur puissance politique et militaire et détruit la démocratie et la liberté dans l'oeuf. Ce n'est pas un hasard si les seuls pays dans lesquels un début d'une société civile se développe sont le Maroc et la Jordanie qui n'ont pas de pétrole.

Y.A.:  L'Amérique est-elle détestée dans le monde musulman parce qu'elle soutien Israël, ou Israël est-il détesté parce qu'il est perçu comme une forteresse avancée de l'Occident dans le monde musulman?

B. L.:  Les deux.  Naturellement, le lien avec Israël n'améliore pas la popularité de l'Amérique, mais le Moyen-Orient n'est pas le seul endroit du monde dans lequel on déteste ce grand et riche empire. On le déteste parce qu'il réussi si bien et les personnalités locales exploitent le ressentiment pour leurs besoins spécifiques. Par  exemple, pour Ben Laden le problème principal est son pays, l'Arabie Saoudite, qu'il veut débarrasser de la présence des infidèles. Il mentionne l'Israël, le cas échéant, en troisième lieu sur sa liste de cibles. Dans un de ses discours il l'a appelé "un petit pays modeste", en d'autres termes pas quelque chose de substantiel ou  très important et dans une interview qu'il a donnée il y a quelques années il a dit que si  les Américains quittaient l'Arabie Saoudite, il serait disposé à signer un accord de paix. Israël est une cible facile pour les propagandistes dans le monde arabe parce que l'attaquer ne les met pas en danger, tandis que dans certains pays arabes, c'est chercher les ennuis que de diffuser des attaques contre l'Amérique. Les propagandistes savent qu'en Amérique et en Europe, il y a une oreille bien disposée envers la propagande anti-israélienne et la raison en est que diriger des attaques contre Israël soulage le fardeau des accusations qui sont portées contre eux en Occident. C'est de là que vient l'agression contre Israël dans l'affaire de Sabra et Shatila, par rapport à la clémence envers les actes d'Hafez El Assad dans la ville de Hama, ou envers l'attaque aux armes chimiques contre les Kurdes à Halbaja.

Y.A.:  Quels sont les résultats à long terme de la guerre en Afghanistan?

B. L.:  Les gens en Occident ont l'habitude de demander "pourquoi ne nous aiment-ils pas"  et la réponse simple est que vous ne pouvez pas être riche, fort et réussir  et être aimé, tout particulièrement en considérant que pendant quelques siècle vous avez gagné toutes les batailles. La question correcte est : "pourquoi ont-ils cessé de vous respecter, ou du moins de vous craindre?"  J'ai cité précédemment que les hommes comme Ben Laden  ont cru que l'Occident était gâté et mou. J'espère que la guerre en  Afghanistan a changé cette perception, parce qu'elle montre que l'idée que l'Amérique et que les autres pays occidentaux sont mous est une invention, tout autant que la peur de combattre quand leur civilisation est attaquée. Maintenant il y a  deux possibilités : soit les gens dans le monde musulman, et en particulier les Arabes, décident qu'afin d'établir une meilleure société il est nécessaire de choisir la voie de la paix et de la coopération avec l'Occident, soit ils croiront que la défaite en Afghanistan n'était qu'un épisode douloureux mais qu'ils doivent continuer dans la même voie. J'espère que la première option prévaudra,  mais je ne peux pas exclure la possibilité que la deuxième idée l'emporte.

Y.A.: Israël voit l'Iran comme un grand danger militaire. Y a-t-il des changements qui s'y produise qui pourraient soulager nos esprits?

B. L.:  Les politiciens iraniens qui sont dépeints comme modérés, ne sont rien moins qu'un maquillage dont le but est de permettre au régime de continuer d'agir comme il le veut, mais beaucoup de signes indiquent que le régime est devenu très impopulaire, et sera éjecté si une occasion se présente. Ici, je veux mentionner un paradoxe: dans les pays qui déclarent leur opposition à l'Amérique, les masses adorent l'Amérique, tandis que dans les pays dont les gouvernements soutiennent l'Amérique, les masses manifestent du ressentiment envers l'Amérique. Ce n'est pas un hasard si les terroristes qui ont attaqué les Twin Towers et le Pentagone sont en effet venus d'Egypte et d'Arabie Saoudite tandis qu'à Téhéran il y eu de grandes manifestations spontanées et authentiques, dans lesquelles les gens ont exprimé du chagrin. Il est clair que la haine pour l'Amérique en Egypte et en Arabie Saoudite provient, en premier lieu, de la haine pour leurs propres régimes corrompus. Les manifestations de joie dans Kaboul auront l'air de cortèges funèbres comparés aux manifestations de  joie qui éclateront à Bagdad, Téhéran et peut-être même à Damas, si  l'Occident provoque l'expulsion de ces régimes despotiques inefficaces qui dirigent ces pays.
Jonathan Silverman, qui a traduit cette entretien, est un journaliste d'investigation  pour Jewsweekcom.  Cet article est initialement paru en hébreu dans le journal israélien Yediot Acharonot.
© Yediot Acharonot, Jewsweek.com, 2002.

HAUT DE LA PAGE

Quand Tsahal détruit ce que le contribuable européen a financé
 ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU MONDE DU 29.01.02

Les quinze ministres des affaires étrangères de l'Union européenne devaient examiner, lundi 28 janvier, à Bruxelles, la question de l'envoi à Tel-Aviv de la liste des dommages infligés aux équipements palestiniens financés par les contribuables européens.
L'UE se bornerait, soit à adresser un bilan comptable aux Israéliens, soit à assortir ce courrier d'une protestation en bonne et due forme. Il n'est pas question à ce stade de revendiquer le moindre remboursement de la part de l'Etat hébreu.
Les Quinze sont en effet désarmés, dans la mesure où les infrastructures palestiniennes n'appartiennent plus aux Européens. Si remboursement il devait y avoir, il ne pourrait se faire qu'au profit de l'Autorité palestinienne, ce qui paraît assez improbable.
Voici le détail de ces dix-sept infrastructures dont le montant total s'élève à 17, 29 millions d'euros.
Aéroport international de Gaza à Rafah
 : 9,3 millions d'euros (donateurs : Espagne, Allemagne, Suède, Commission européenne)
Radio Voix de la Palestine à Ramallah :
3,3 millions d'euros (Allemagne, Danemark, télévision française, Commission européenne)
Camps de la police civile dans la bande de Gaza :
2,05 millions d'euros (Commission européenne)
Hôtel Intercontinental Jacir Palace à Bethléem :
758 000 euros (Banque européenne d'investissement)
Laboratoire médico-légal à Gaza-Ville :
700 000 euros (Commission européenne, France, Grèce, Suède)
Port de Gaza :
335 000 euros (France, Pays-Bas, Banque européenne d'investissement)
Bureau central des statistiques à Ramallah :
300 000 euros (Allemagne, Suède, Commission européenne)
Matériel de la police antiémeute dans la bande de Gaza :
300 000 euros (Pays-Bas)
Reboisement à Beit Lahia (bande de Gaza) :
53 000 euros (Pays-Bas)
Déchetterie à Deir Al-Balah (bande de Gaza) :
40 000 euros (Allemagne)
Secrétariat du projet de coopération pacifique à Jénine :
38 000 euros (Commission européenne, Allemagne)
Infrastructures municipales à Qalqilya :
38 000 euros (Grèce)
Tout-à-l'égout à Al-Bireh :
24 000 euros (Allemagne)
Ecoles à Tulkarem et Jénine :
23 000 euros (Commission européenne)
Résidence à Khan Younès (bande de Gaza) :
11 000 euros (Autriche)
Route de Halhoul près d'Hébron :
11 000 euros (Italie)
Systèmes d'irrigation à Jéricho :
11 000 euros (Belgique)

HAUT DE LA PAGE

Qui est l'ennemi Par Daniel Pipes, Commentary, janvier 2002.
Traduit de l'anglais par Norbert Lipszyc spécialement pour Reponses-Israel

Avec qui, ou quoi, les Etats-Unis sont-ils en guerre? La réponse à cette question a des implications profondes pour la stratégie, la diplomatie publique, la politique étrangère et la politique nationale. Il semblerait que la réponse soit évidente, mais ce n'est pas le cas.

Durant les premières semaines après le 11 septembre, chaque fois où le Président Bush mentionnait l'ennemi, il insistait sur le fait que ce n'était ni les Afghans, ni les Musulmans, mais des gens qu'il appelait "ceux qui font le mal" ou les "mauvais". Ces appellations bizarres et même un peu comiques, semblent avoir été choisies délibérément pour n'offenser personne ni aucun groupe. Cela permettait aussi à Bush de regrouper sous un même vocable toute une séries d'événements avant même de savoir qui en était responsable. Ainsi quand les mystérieuses lettres à l'anthrax apparurent, il put blâmer ces mêmes "faiseurs du mal" qui continuaient à essayer de faire du mal à l'Amérique et aux Américains.

Quel était le but de ces auteurs d'actes criminels? Sur ce sujet le Président Bush a aussi prudemment parlé en termes très généraux. Ils sont des gens "motivés par la haine", ou, de manière un peu plus spécifique, "des gens sans pays", ou encore à une autre occasion, "des gens essayant de prendre un pays, des parasites du pays hôte". Quand il aborda le sujet de ce que les Etats-Unis prévoyaient de faire, le Président a été encore plus prudent, parlant essentiellement de "poursuivre les auteurs du mal et de les traduire en justice».

Même après le début de la guerre en début octobre, Bush n'a pas cherché à être plus précis, se référant aux hostilités comme "un effort commun pour éradiquer le mal là où nous le trouverons". La seule innovation fut d'introduire le concept de "guerre contre le terrorisme" quelquefois appelée aussi "guerre contre le terrorisme et le mal". Mais cela est encore plus confus. Le terrorisme est une tactique militaire utilisée par divers groupes et individus de par le monde pour des fins diverses. Parler de "guerre contre le terrorisme" c'est comme parler de guerre contre les armes de destruction massive. Il faut d'abord savoir qui déploie ces armes et pour quelles raisons.

Quels les buts de cette guerre? Ils sont tout aussi troubles. Quand Bush annonce le début des opérations militaires le 7 octobre il en définit le but comme "le démembrement et . la défaite du réseau mondial de la terreur", un néologisme encore une fois très imprécis. Que cherche ce réseau de la terreur? D'autres qu'AL Qaida en sont-ils membres? Comprend-il les groupes islamistes militants comme le Hezbollah ou le Hamas? Comprend-il des groupes non musulmans comme l'IRA ou les Tigres Tamouls, des états comme l'Irak?

Le secrétaire d'état Donald H Rumsfeld en particulier a semblé troublé par l'imprécision des ces buts dangereusement ambitieux. Il a même très vite rejeté comme irréaliste l'idée "d'éliminer le terrorisme de la surface de la terre", tout en proposant des buts aussi vagues. Rumsfeld a déclaré que les Américains étaient un peuple épris de liberté et que donc sa définition de la victoire était un environnement où ils "pourront vivre pleinement ces libertés" et où d'autres seraient dans l'impossibilité "d'affecter négativement notre mode de vie". C'est admirable mais ce n'est certainement pas un objectif que l'on peut confier à un général en lui disant "Voilà ta mission".

Le déroulement de la "guerre contre le terrorisme" n'a pas éclairé la situation. Le bur déclaré au départ en Afghanistan n'était pas d'extirper le régime Taliban mais seulement de le contraindre à livrer Osama Ben Laden et ses acolytes; ce n'est qu'après que les Taliban aient refusé que les Etats-Unis se sont attaqués à eux avec toutes leurs forces. Le même scénario risque de se reproduire avec l'Irak. A la fin novembre le Président a exigé que Saddam Hussein autorise à nouveau l'inspection de ses sites susceptibles de contenir des armes de destruction massive ou subisse les conséquences de son refus. Quand on l'interrogea lors d'une conférence de presse sur ce que pourraient être ces conséquences, Bush a répondu de manière énigmatique: "il le découvrira par lui-même".

Un observateur bien informé au moins a compris que Bush ne savait pâs ce qu'il allait faire en suite.* En effet dès décembre il semblait clair qu'au delà de l'Afghanistan le gouvernement américain n'avait encore pris aucune décision.

C'est tout à fait compréhensible. Conceptuellement, le conflit dans lequel les Etats-Unis se sont engagés est quelque chose de neuf. C'est un combat contre des ombres -- personne, par exemple, n'a encore pris la responsabilité pour les attentats du 11 septembre -- et ce fait seul rend absurde les buts conventionnels d'une guerre comme la défaite d'une armée ou l'occupation de territoires. Les Etats-Unis ont été pris par surprise et sans aucune préparation le 11 septembre. Quel que soit le nombre de fois où les Américains ont été frappés par le terrorisme auparavant ils ne s'étaient jamais attendus à lancer une guerre à grande échelle contre l'ennemi.

L'usage d'euphémismes en temps de guerre peut présenter des avantages, d'autant plus quand on ne sait pas où on va. En se retrouvant en situation d'urgence le 11 septembre, le gouvernement a instinctivement évité d'être spécifique pour ne pas se lier les mains. En désignant les "faiseurs du mal" et les "terroristes" sans mentionner d'autre nom que celui de Ben Laden permettait le maximum de flexibilité. En n'insultant personne en particulier Washington pouvait attirer plus facilement des partenaires potentiels de la "coalition contre la terreur" menée par les Etats-Unis. . De la même manière l'Administration pouvait, au moins théoriquement, ajouter ou retrancher des cibles au gré des circonstances; un partenaire d'aujourd'hui, la Syrie par exemple, pouvant devenir un méchant de demain.

Mais l'imprécision a aussi son coût. Si les politiques assignent à leurs militaires des objectifs imprécis ou contradictoires, leurs efforts rencontreront les pires difficultés, comme l'a écrit Carl von Clausewitz dans "Sur la Guerre" (1832). L'histoire de la guerre au cours des âges confirme cette règle, comme les Américains ont pu le noter durant les récentes décades (depuis la traversée de l'Europe trop lente par Eisenhower pour éviter l'avance soviétique durant le 2ème Guerre Mondiale jusqu'au Général Schwarzkopf d'éliminant pas le Garde Républicaine de Saddam Hussein durant l'Opération "Tempête du Désert"). Il n'y a pas que les généraux qui ont besoin de savoir qui ils combattent ou ce pourquoi ils se battent, l'administration, les amis et ennemis étrangers et bien sûr le peuple américain doivent aussi le savoir.

Qui alors est l'ennemi? Le message du 11 septembre était très clair, ne permettant aucune ambiguïté: l'ennemi était l'islamisme militant. Pas étonnant alors que, avant même de savoir qui était effectivement responsable, le gouvernement ait été réticent à désigner le coupable. En plus des considérations déjà citées, il y avait des précédents historiques récents pour l'en détourner.

En février 1995, au moment de la pire violence opposant en Algérie les groupes islamistes armés les plus sanguinaires au gouvernement répressif, le Secrétaire général de l'OTAN Willy Claes déclara que, depuis la fin de la guerre froide, "le militantisme islamique était apparu comme la menace la plus grave contre l'alliance atlantique et la sécurité de l'Occident". En effet Claes avait dit que, non seulement l'Islamisme représentait pour l'Occident le même type de menace qu'avait représenté auparavant le Communisme, mais que le danger était plus grand car l'Islamisme militant comprenait des éléments de "terrorisme, de fanatisme religieux et d'exploitation sociale et d'injustice économique".

Claes avait entièrement raison, mais ses déclarations ont été accueillies comme un outrage par l'ensemble du monde musulman, et il fut obligé de se rétracter ou de démissionner. "Le fondamentalisme religieux qu'il soit islamique ou autre, n'est pas une préoccupation de l'OTAN" dut-il expliquer humblement.

A la suite du 11 septembre il est peut-être plus facile de dire ce que Claes ne fut pas autorisé à dire, mais pas entièrement, et certainement pas pour quelqu'un qui n'est pas en position d'autorité. Il est certain que personne ne désire repasser par où Claes est passé. Et pourtant la réalité est là et est incontournable.

Depuis au moins 1979, lorsque l'Ayatollah Khomeini prit le pouvoir en Iran avec le cri de guerre "mort à l'Amérique", l'islamisme militant a été l'ennemi déclaré des Etats-Unis. Il en est devenu maintenant l'ennemi numéro 1. Les organisations terroristes que vise Washington, les immigrants qu'il interroge, ou les états qu'il soupçonne, tous sont islamistes ou liés aux islamistes. Washington peut ne pas dire ce qu'il pense, ses actions révèlent sa pensée profonde.

Définir l'Islam militant comme l'opposant au long terme lui causant le plus de soucis n'est pas ignorer les autres opposants. Les Etats-Unis ne manquent d'adversaires non islamistes: les tyrannies communistes de Corée du Nord et de Cuba, les dictateurs arabes en Irak, Syrie et Libye, et quelques autres de moindre importance. Mais ces adversaires, y compris Saddam Hussein, ne disposent pas de ce qui rend les islamistes militants si dangereux: sa ferveur idéologique, sa portée, son ambition et sa capacité à résister. Bien que la population à laquelle s'adresse l'islamisme soit limitée aux Musulmans, elle représente au total un sixième de la race humaine, avec un taux de naissances élevé et on le trouve dans toutes les parties du monde.

Au moment où les extrêmes venus d'Europe de la gauche communiste et de la droite fasciste sont en perte de vitesse et inefficaces, l'islamisme militant s'est montré le seul mouvement totalitaire réellement vivant dans le monde d'aujourd'hui. Comme tous ses leaders l'ont clairement déclaré, l'un après l'autre, ils se voient comme le seul rival de la civilisation occidental et son successeur inévitable. Bien que de nombreux observateurs occidentaux (qui se trompent) ont qualifié cet islamisme de croyance mourante,** c'est une force avec laquelle il faudra probablement compter pendant des dizaines d'années encore.

Quelles populations précisément forment l'islamisme militant. On peut les classer en trois éléments principaux.

Le premier cercle comprend Osama Ben Laden et ses semblables, les 19 pirates de l'air du 11 septembre, Al Qaida, les chefs du régime Taliban en Afghanistan, et le réseau des autres groupes violents qui s'inspirent de l'idéologie islamique militante. Ces groupes ont pour la plupart été créés depuis 1970, devenant une force de plus en plus importante dans le monde musulman. Le réseau, baptisé "Islaminterm" par certains critiques musulmans, comporte des variantes Chiites et Sunnites. Il attire riches et pauvres et est actif dans des régions aussi éloignées que l'Afghanistan, l'Algérie, l'Argentine. En 1983, ses membres lancèrent une campagne de violence contre les Etats-Unis dont le point culminant, le triomphe, fut l'opération spectaculaire du 11 septembre. Au total, le réseau comporte un nombre de membres inversement proportionnel à leur fanatisme, quelques milliers en tout.

Le second cercle comprend une population beaucoup plus importante de militants favorables à la vision radicale et utopique d'Al Qaida mais ne faisant pas partie de celui-ci. Leurs opinions ont été visibles dès que les hostilités ont commencé en Afghanistan: les dizaines de milliers de manifestants et de mudjahidins qui exprimaient leur haine absolue de l'Amérique, et appelaient de leurs voux de nouveaux actes de violence. Des pays habituellement calmes et qui ne sont pas berceaux du radicalisme se sont réveillés pour protester contre la campagne américaine. Les cris et slogans de ces islamistes partout dans le monde se ressemblaient beaucoup:

Indonésie: "US en enfer"! Malaisie: "l'Amérique en enfer" et "Détruisons l'Amérique"! Bangladesh: "Mort à l'Amérique" et "Osama aide nous"! Inde: "Mort à l'Amérique, Mort à Israël, Talibans nous vous saluons"! Sri Lanka: "Bin Laden nous sommes avec toi"! Oman: L'Amérique est l'ennemi de Dieu"! Yémen: L'Amérique est le grand Satan"! Egypte: "USA en enfer, les Afghans gagneront"! Soudan: "A bas l'Amérique"! Bosnie: "Vive Ben Laden"! Grande Bretagne: "Tony Blair brûlera en enfer"!

Autant qu'on peut l'estimer de données électorales, d'enquêtes et de données partielles et de l'opinion d'observateurs chevronnés, cet élément islamiste représente de 10 à 15% de la population musulmane totale d'un milliard de personnes, soit environ 100 à 150 millions de personne de par le monde.

Le troisième cercle comprend les Musulmans qui n'acceptent pas la totalité du programme des islamistes mais sont d'accord avec son anti-américanisme fondamental. On rencontre ce sentiment dans tout l'éventail politique. Un fasciste laïc comme Saddam Hussein partage cette haine des Etats-Unis avec les gauchistes du PKK kurde et avec un personnage aussi singulier que Mouamar Kaddafi. Les enquêtes d'opinion fiables dans le monde arabe n'existent pas, mais mon évaluation est que la moitié des Musulmans, soit 500 millions de personnes, ont plus de sympathie envers Osama Ben Laden et les Talibans qu'envers les Etats-Unis. Il est glaçant de penser qu'une telle multitude de gens haïssent les Etats-Unis.

Cela ne veut pas dire que l'anti-américanisme est universel chez les Musulmans où d'importants bastions pro-américains subsistent. Parmi ceux-ci on trouve le corps des officiers de l'armée turque, qui sont les arbitres absolus des destinées de leur peuple, plusieurs leaders de républiques à majorités musulmanes de l'ancienne URSS, les éléments dissidents qui émergent en Iran, et, de manière plus générale, les Musulmans qui ont vécus directement sous la coupe des Islamistes.

Ensemble ils ne représentent qu'une minorité. Ailleurs, partout, l'anti-américanisme redresse la tête: aussi bien parmi les femmes protégées de l'élite saoudienne que chez les habitants mâles des taudis du Caire, parmi les personnes âgées du Pakistan et les étudiants des écoles musulmanes de Washington. Cette hostilité ne se limite pas aux sentiments. Depuis le Vietnam, et même avant le 11 septembre, plus d'Américains sont morts de la main de radicaux islamistes que de tout autre ennemi.

La situation est grave, mais elle n'est pas désespérée, pas plus qu'elle ne l'était au plus noir de la guerre froide avec l'Union Soviétique. Ce dont nous avons besoin, maintenant comme alors, c'est de désigner avec précision et honnêteté l'ennemi et d'avoir des conceptions claires pour le confronter. Le premier pas dans ce sens est de comprendre que, paradoxalement au vu des statistiques ci-dessus, les Etats-Unis ne sont pas engagés dans un bataille totale entre l'Islam et l'Occident, ni dans ce qu'on a appelé un "choc des civilisations".

Ce terme qui a été rendu célèbre a d'abord été avance par l'analyste politique Samuel Huntington. Il a été repris, de manière diabolique, par Osama Ben Laden. L'idée est sans aucun doute attrayante, mais elle n'est pas exacte. Il est vrai que de nombreux islamistes recherchent cette confrontation, convaincus qu'ils sont que l'Islam prévaudra et deviendra universel. Mais de nombreux faits contredisent une vue aussi totalisante de la situation objective.

D'une part, la violence contre les Américains, et contre les Israéliens, les occidentaux et les non-Musulmans en général, n'est qu'une des parties de l'histoire. L'inimitié des islamistes envers les Musulmans qui ne partagent pas leurs vues est tout aussi violente. Le règne des Talibans en Afghanistan ne l'a-t'il pas suffisamment démontré? Les atrocités sans nombres et les actes de cruauté gratuite envers leurs frères musulmans suggèrent une attitude presque génocidaire. Ce que l'on ressent quand on est libéré d'une répression tellement cruelle a été montré clairement par le rapport du New-York Times dans une ville d'Afghanistan le 13 novembre:

"Durant les 12 heures depuis que les soldats talibans ont quitté la ville, une humeur joyeuse s'est intallée. Les gens de Taliqan qui ont vécu pendant deux ans sous l'oppressive loi islamique des Talibans, sont descendus dans la rue pour rejeter les restrictions qui s'étaient appliquées aux aspects les plus intimes de leur vie. Les hommes ont jeté leurs turbans aux ornières. Les familles ont exhumé leurs postes de télévision cachés. Les restaurants ont diffusé de la musique. On a allumé des cigarettes et les jeunes gens ont annoncé leurs intentions de laisser pousser leurs cheveux."

Les Talibans n'ont pas été une exception. Des militants islamistes ont brutalisé des Musulmans partout où ils ont eu un pouvoir ou ont cherché à obtenir le pouvoir. J'ai déjà mentionné l'Algérie, pays où, grâce à une décade de barbarie par les islamistes, on compte plus de 100 000 victimes, dont le nom est devenu le synonyme de la violence contre des coreligionnaires. De semblables orgies de meurtres, à plus faible échelle, se sont produites en Egypte, au Liban, en Turquie. Et comment qualifier la guerre de l'Iran islamiste contre l'Irak non islamiste après 1982 avec ses centaines de milliers de morts musulmans? L'islamisme militant est une idéologie totalitaire qui ne fait aucune différence entre ceux qui se dressent sur son chemin.

Une autre raison pour douter de la notion de choc des civilisations est que ce concept conduit à ignorer des distinctions importantes et même cruciales entre civilisations. De telles distinctions apparurent avec beaucoup d'émotion en 1989, quand une minorité significative de Musulmans de par le monde protestèrent contre la fatwa émise par l'ayatollah Khomeini condamnant à mort Salman Rushdie. En Iran même, 127 intellectuels signèrent une pétition contre cette fatwa de Khomeini, alors que plusieurs occidentaux en vue cherchèrent à lui trouver des excuses ou à la "comprendre". Dans une déclaration typique, par exemple, le président de la conférence des évêques français expliqua que les Versets Sataniques étaient "une insulte à la religion", comme si cela justifiait suffisamment la menace de mort contre Rushdie.

Prenons un autre exemple plus proche, dans le temps et dans l'espace. Après le 11 septembre, une enquête d'opinion dans la catholique Italie constata qu'un quart des Italiens considéraient que les Américains n'avaient eu que ce qu'ils méritaient. Même certains Américains se sont rangé derrière les attaquants, ou tout au moins ont approuvé les cibles qu'ils avaient choisies: «je vote pour quiconque peut faire exploser le Pentagone" déclara un professeur de l'université du Nouveau Mexique. Ces gens font-ils partie pour autant du monde islamiste? Et que dire des centaines de millions de Musulmans qui ont été horrifiés par ces attentats suicides? Ne font-ils pas partie du monde musulman?

Ceci nous amène à une vaste question liée à la précédente, le "problème" est-il inhérent à l'Islam lui-même? Comme toutes les grandes religions, l'Islam est sujet à diverses interprétations, allant du mystique au militantisme, du plus doux au plus révolutionnaire. Ses idées les plus fondamentales ont donné lieu à des explications des plus contradictoires. En même temps, l'Islam, à la différence d'autres religions, contient un vaste arsenal de règles concernant le vie publique et les relations avec les non-croyants. Celles-ci sont à l'opposé des sensibilités modernes et elles n'ont pas encore été abandonnées. En bref, le dur travail d'adaptation de l'Islam au monde contemporain n'a pas encore eu lieu. Ce fait à lui seul explique l'attrait de l'idéologie islamiste militante.

Cette idéologie n'est pas un phénomène neuf. Ses racines remontent au mouvement Wahabite du 18ème siècle, aux écrits d'Ibn Taymiya au 13ème siècle et même aux Kharijites du 7ème siècle. Mais, comme il se doit pour une idéologie moderne, la version actuelle englobe un nombre plus grand d'aspects de la vie (par exemple, la dimension économique) que les avatars d'avant l'ère moderne. Elle a aussi emporté plus de succès politique. Une compréhension radicale de l'Islam a couvert une étendue plus importante que durant les 14 siècles de l'histoire de l'Islam.

Le radicalisme est la réponse actuelle enragée à la question qui a hanté les Musulmans pendant les 200 ans où le pouvoir et la richesse dont bénéficiait le monde de l'Islam s'en est lentement allé au cours des 5 siècles avant l'année 1800, et où d'autres peuples et nations se sont eux développés. Qu'est-ce qui s'est détraqué? Si l'Islam apporte la bénédiction divine, selon sa croyance, pourquoi les Musulmans se portent-ils aussi mal? Les Musulmans se sont tourné vers de nombreuses idéologies extrémistes dans la période moderne, du fascisme au léninisme, au pan-arabisme et même au pan-syrianisme, dans des tentatives de trouver une réponse à cette question par tout autre moyen que l'introspection, la modération, l'auto-entraide. L'islamisme militant s'avère la plus populaire, la plus cause d'illusions et la plus désastreuse de toutes ces idéologies.

Mais la nature sans précédent de sa dominance, ironiquement, présente un espoir. L'interprétation militante qui se développe aujourd'hui peut régresser dans le futur. Le jihad terroriste contre l'occident est l'une des lectures de l'Islam, ce n'est pas la quintessence éternelle de l'Islam. Il y a 40 ans, au plus haut du prestige de l'Union Soviétique, et durant les beaux jours du nationalisme pan-arabe, l'islamisme militant n'avait quasiment pas d'influence politique. Ce qui a provoqué son émergence est en soi une question fascinante, mais le point que je veux faire est que, de même que l'islamisme militant n'était pas une force politique importante il y a à peine 40 ans, il est raisonnable de penser qu'il ne le sera plus dans 40 ans.

Par contre, si l'extrémisme d'aujourd'hui était réellement une partie intégrante de l'Islam, il n'y aurait pas de solution autre que de mettre en quarantaine, ou de convertir, un sixième de l'humanité. A tout le moins, ni l'une, ni l'autre de ces perspectives ne sont réalistes.

Si le heurt qui fait trembler la terre aujourd'hui n'est pas entre deux civilisations, il est pour le moins un heurt entre les membres d'une même civilisation, spécifiquement entre les islamistes et ceux que nous appellerons, par manque d'un meilleur terme, les Musulmans modérés. Comprenons bien que "modéré" ne signifie pas libéral, ni démocratique, mais seulement anti-islamiste. Tout comme les idéologies occidentales perverties du fascisme et du communisme furent une menace pour l'occident et durent être extirpées, il en va de même pour l'islamisme et le monde musulman. La bataille pour l'âme de l'Islam durera sans aucun doute de nombreuses années et causera de nombreuses victimes; elle sera la plus grande bataille idéologique de l'ère postérieure à la guerre froide.

Où cela nous conduit-il? Les Etats-Unis, pays éminemment non musulman, ne peut évidemment pas régler les problèmes du monde musulman. Il ne peut pas plus résoudre le traumatisme de l'Islam moderne, ni même réduire le sentiment anti-américain qui prévaut dans le monde musulman. Dans la bataille entre Musulmans nous serons des étrangers.

Mais les étrangers, les Etats-Unis en particulier, peuvent apporter une aide décisive pour amener plus vite la fin de la guerre et en influencer l'issue. Ils peuvent atteindre ces buts en affaiblissant le camp islamiste et en aidant le camp modéré. Le processus a déjà commencé dans cette guerre dite contre le terrorisme, et ses premiers résultats sont évidents en Afghanistan. Aussi longtemps que les USA ne s'en sont pas mêlés, les Talibans régnèrent dans ce pays et l'Alliance du Nord apparaissait comme une force inefficace. Dès que les USA s'impliquèrent militairement, les Talibans s'effondrèrent et l'Alliance du Nord balya tout lepays en quelques semaines. La tâche est la même à plus grande échelle: affaiblir les islamistes là où ils détiennent le pouvoir, décourager leur expansion, et apporter son soutien aux éléments modérés.

Affaiblir l'islamisme militant demandera une politique faisant preuve d'imagination et de fermeté, adaptée à chaque pays. L'impact de la puissance américaine a déjà été ressenti en divers endroits, de l'Afghanistan, où elle a renversé le gouvernement, aux Philippines, où 93 millions de dollars d'aide militaire et de sécurité, plus un contingent de conseillers, aide à la défaite que le gouvernement inflige aux insurgés islamistes. Au Pakistan, le FBI entraîne les agents du service de l'immigration à détecter les terroristes cherchant à s'infiltrer à partir de l'Afghanistan. Les régions en anarchie de la Somalie seront peut-être les prochaines sur la liste.

Dans certains cas le changement se fera brutalement et rapidement, dans d'autres, l'évolution sera lente et prendra longtemps. Au Pakistan, l'état doit à être forcé à prendre le contrôle des célèbres madrasas (les écoles religieuses) qui inculquent l'extrémisme et promeuvent la violence. En Iran et au Soudan, un effort sur plusieurs voies beaucoup plus vigoureux et prolongé sera nécessaire pour faire cesser le règne de l'islamisme. Au Qatar, siège de la chaîne de télévision al-Jazira, le porte-parole d'Osama Ben Laden, ma pression doit être mise sur le gouvernement pour promouvoir les enseignements d'un Cheikh modéré plutôt que ceux de l'extrémiste Yousouf-el-Qaradawi (celui qui a prêché "à l'heure du jugement les Musulmans combattront les Juifs et les tueront").

Le cas de l'Arabie Saoudite est particulier, car c'est la patrie d'Osama Ben Laden et de 15 de ses terroristes suicides. C'est le lit d'où sont sorties les idées qui guident les Talibans et la source de la plupart des fonds du réseau islamiste dans le monde. Bien que les dirigeants saoudiens aient mis en place une relation de travail avec l'occident depuis des dizaines d'années, ils ont permis aux militants islamistes d'occuper le discours public du royaume. L'islamisme doit être éradiqué des livres scolaires (où, par exemple, un élève de seconde apprend que "les Musulmans doivent obligatoirement être loyaux les uns envers les autres et considérer les infidèles comme des ennemis"), des médias et du reste de la vie publique.

Sur d'autre fronts, les centres monétaires dans le monde, des Emirats Arabes Unis à Hong-Kong, devront être forcés à combattre et éradiquer le blanchiment d'argent pour Al Qaida par le biais des organes de "charité islamique". Le Président Chirac a reconnu que l'Europe avait été un havre pour les extrémistes islamiques. Ce problème doit être pris au sérieux et résolu énergiquement.

La guerre contre l'islamisme militant a des implications internes aux Etats-Unis également, car le danger dans le pays n'est pas moindre qu'à l'étranger. L'objectif est d'empêcher les anti-occident en notre sein de nous faire du mal, et les moyens à employer incluent les expulsions, emprisonnements, et tout moyen de les empêcher d'agir. Ceci implique une révision drastique de nos lois d'immigration, en particulier la fin de l'assomption naïve que toute personne qui désire immigrer aux Etats-Unis lui veut du bien. Cela signifie la mise en place d'un filtre idéologique dans les procédures d'admission et, comme l'a dit le Président, "ajouter de nombreuses questions que l'on n'avait pas posées jusqu'à présent". Cela signifie réprimer avec la plus grande fermeté les fondations islamistes dites charitables qui servent de relais aux transferts de fonds vers les groupes terroristes. Et cela signifie des tribunaux militaires lorsque c'est nécessaire avec restriction des droits de la défense d
ans certains cas. Enfin, lorsque cela paraît approprié, l'usage du profil psychologique pour découvrir les terroristes dormants et autres. De la manière la plus évidente, cela signifie aussi que le Président doit cesser de rencontrer, et ainsi légitimer, des leaders islamistes militants, comme il l'a fait à de maintes reprises à la fois avant et après le 11 septembre.

Il ne faut pas nous faire d'illusions. Si les Etats-Unis ont plus de 100 millions d'ennemis islamistes (sans compter un nombre encore plus grand de Musulmans qui nous vouent aux gémonies) ils ne peuvent pas être tous mis hors d'état de nuire. Le but doit donc être de les décourager d'agir et de les contenir. L'islamisme militant est trop populaire et prévalent pour être détruit militairement. Il ne peut qu'être empêché de nuire.

Pour reprendre l'expression de George Kennan dans "Les sources de la conduite soviétique", son article célèbre de 1947 sur la menace communiste, "l'élément principal de toute politique américaine envers (l'islamisme militant) doit être de contenir ses tendances expansionnistes patiemment, au long terme et de manière ferme et vigilante." Le but est de convaincre ses adhérents que l'usage de la force contre les Etats-Unis est au mieux inefficace et au pire contre-productif. Les Algériens, les Malaisiens ont le droit de se sentir anti-américains, ils ne peuvent pas agir contre les Etats-Unis ni faire du mal à ses ressortissants. La seule manière d'atteindre ce but est de leur faire peur. Cela requiert de la dureté, de la détermination, de la persévérance, telles que les Américains n'en ont pas fait montre depuis longtemps. Cela demandera aussi des alliés.

C'est là qu'interviennent les Musulmans modérés. Si environ la moitié du monde musulman hait l'Amérique, l'autre moitié ne la hait point. Malheureusement ils sont désarmés, troublés et sans voix. Les Etats-Unis n'ont pas besoin d'eux pour leur puissance. Ils ont besoin de leurs idées et pour la légitimité qu'ils lui donnent. En ceci leurs forces complètent celles de Washington.

Le gouvernement américain n'a pas d'autorité religieuse pour parler de l'Islam, même s'il ne s'en rend pas compte. D'un côté il y a Osam Ben Laden qui clame que le monde est divisé en bons Musulmans et méchants non-Musulmans, puis qui appelle au Jihad contre l'Occident. Comment un gouvernement laïque et en majorité chrétien peut-il répondre à cela? Certainement pas directement, bien que ce soit ce que l'Administration ait tenté inefficacement de faire.

Ainsi le 3 novembre, Christopher Ross, ancien ambassadeur, parlant au nom du gouvernement américain en arabe pendant 15 minutes sur la chaîne al-Jazira a cherché à réfuter les accusations d'Osama Ben Laden disant que l'Amérique est l'ennemi de l'Islam. Ross a aussi pris l'offensive en disant à son audience que les "auteurs de ces crimes n'ont aucun respect pour la vie humaine, même celle des Musulmans", et que Ben Laden était le vrai ennemi de l'Islam.

La prestation de Ross sur al-Jazira est l'une des nombreuses ouvertures lancées par Charlotte Beers, la Sous-Secrétaire d'Etat chargée de faire passer au monde musulman le message de l'Amérique. Beers, qui fut la présidente de l'agence de publicité Walter Thompson et Ogilvy &Mather, surnommée la reine du "branding", est partiellement responsable de l'ouverture du Centre d'Information de la Coalition (CIC), le centre de guerre pour l'opinion publique. Avec deux douzaines de collaborateurs le CIC propose des points de rencontre journaliers et hebdomadaires aux journalistes et il a mis au point une campagne pour convaincre les Musulmans de l'attitude favorable de l'Amérique envers eux et envers leur foi. Il s'est assuré qu'une quantité plus importante d'aide humanitaire arrive en Afghanistan pour le mois du ramadan. Le CIC a envoyé un "catalogue des mensonges des Talibans" aux journaux pakistanais et il a organisé des rencontres pour les journalistes de pays à majorités musulmanes avec
les décideurs américains. Il emploie également la culture populaire pour modifier la perception de l'Amérique dans le monde musulman, en encourageant, par exemple, selon le magazine Variety, le dialogue entre jeunes spectateurs américains et moyen-orientaux de la chaîne vidéo musicale MTV.

En ce qui concerne l'Islam lui-même, le CIC a pour but, selon les paroles de Beers elle-même, de faire en sorte qu'il devienne difficile pour les Américains de ne pas reconnaître et respecter cette religion. Cela signifie des débats publics sur la compatibilité entre les valeurs américaines et islamiques, l'envoi de bandes vidéos d'un imam faisant une invocation devant le Congrès, et l'impression d'affiches décrivant les "Mosquées d'Amérique". On a pu remarquer l'invitation faite par le Président aux 50 ambassadeurs musulmans pour rompre le jeûne du Ramadan à la Maison Blanche, avec le Secrétaire d'Etat Powell et divers ambassadeurs américains dans le monde faisant de même. Un responsable du Département d'Etat a expliqué l'objectif de tout ceci comme étant de démontrer au monde musulman que les Américains considèrent les fêtes religieuses musulmanes avec autant de respect que les fêtes chrétiennes ou juives. Les plans pour l'avenir sont encore plus ambitieux, comprenant un réseau de
radios au Moyen-Orient qui doit commencer à émettre en février en 26 langues et destiné spécialement aux jeunes Musulmans.

Ces plans atteindront-ils leurs buts? On peut en douter, même en mettant de côté les aspects les plus absurdes, comme l'utilisation de MTV pour construire un pont entre civilisations, ou d'essayer de rendre l'Aït-al-Fitr aussi précieuse aux Américains que Noël. Ainsi la performance de Ross a été catastrophique "on avait l'impression d'un robot parlant arabe" selon un observateur arabe. Plus en profondeur, même si les objectifs du CIC sont louables, il s'agit après tout d'une guerre des idées, les bases de la campagne sont gravement erronées. Il reviendra à quelqu'un d'autre qu'un publiciste de Madison Avenue, un non Américain, de conceptualiser et de faire passer le message anti-Ben Laden, quelqu'un ayant la crédibilité nécessaire auprès des Musulmans et une profonde compréhension de leur culture. Ce quelqu'un est le Musulman modéré, le Musulman qui hait l'idée de vivre ous un régime islamiste militant et qui recherche quelque chose de meilleur.

En ce qui concerne l'Islam, le rôle des Etats-Unis est moins de proposer ses propres vues que d'aider les Musulmans ayant des opinions compatibles sur des sujets comme les relations avec les non-Musulmans, la modernisation, les droits des femmes et des minorités. Cela signifie aider les modérés à diffuser leurs idées sur des radios financées par les US, comme la nouvellement créée Radio Afghanistan Libre, et, comme l'a suggéré la Sous-Secrétaire d'Etat pour les affaires mondiales, Paula Dobriansky, s'assurer que des personnalités musulmanes, imams, docteurs de la loi et autres, fassent partie des programmes d'échanges culturels et universitaires financés par les Etats-Unis.

Les anti-islamistes sont aujourd'hui faibles, divisés, ils ont peur et sont généralement inefficaces. Les perspectives d'un renouveau musulman sont plus sombres que jamais en ces temps de radicalisme, jihad, rhétorique extrémiste, conspirations et culte de la mort. Mais les modérés existent, et ils ont beaucoup à offrir aux Etats-Unis dans leur bataille contre l'islamisme militant, en particulier leur connaissance intime du phénomène et de ses faiblesses potentielles. Ils apportent de plus une légitimité à toute campagne contre l'islamisme, simplement en rendant l'accusation "d'islamophobie" insoutenable.

En Afghanistan, les Etats-Unis ont écrasé le régime taliban, puis ils ont confié le pays à l'Alliance du Nord plus modérée; c'est à l'Alliance d'exploiter l'opportunité ainsi créée par les Etats-Unis. Le même schéma s'applique dans tout le monde musulman. Washington ne peut faire qu'une partie du travail. La transformation de ses victoires militaires en succès politiques dépend en fin de compte des Musulmans. La lutte contre l'islamisme militant ne peut être gagnée que si l'Amérique a la volonté et la persévérance de la mener à bien à terme, et l'intelligence de comprendre que son message doit être porté par d'autres voix que la sienne.

* Robert Kagan, "En avant vers la Phase II" Washington Post, 27 novembre 2001. Voir ma critique de "L'Echec de l'Islam Politique" d'Oliver Roy, Commentary, juin 1995.

** Mon article "Le Danger Intérieur: l'Islamisme Militant en Amérique" Commentary de novembre 2001.
© Daniel Pipes, Commentary Magazine, 2002.

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Le cliquetis salutaire des casseroles iraquiennes ! (05.02.01) Par Jean Tsadik © Metula News Agency

Chaque fois que je lis les commentaires politiques, généralement bienveillants, de la presse française à propos de la candidature de Jean-Pierre Chevènement, je dois me pincer pour être sûr de ne pas rêver ! C’est qu’elle a vraiment la mémoire courte, l’intelligentsia française, lorsqu’elle croit voir dans ce Franc-comtois un homme de sincérité et de bon sens.  Mémoire collective déficiente, donc, qui semble ne pas se rappeler le rôle prépondérant de l’ex-ministre de la défense dans la consolidation du régime du tyran irakien Saddam Hussein.

Une fois n’est pas coutume, nous allons simplifier les choses à Métula, tant il nous apparaît clairement, que l’observation succincte de la conduite de Chevènement, dans les relations de la France avec Bagdad, permet de conclure à l’irresponsabilité du personnage. Le candidat aux présidentielles n’est autre, en effet, que le fondateur de l’association des amitiés Irak-France. Et il faut comprendre, dans le cas de relations avec un régime dictatorial absolu, que ce que Chevènement a fondé de fait, c’est l’association France-Saddam Hussein et pas autre chose.


En d’autres termes, cet homme qui brigue aujourd’hui la confiance des Français, constituait voilà quelques années encore le soutien occidental privilégié d’un despote, dont les rêves de grandeur ont coûté la vie à un million de soldats irakiens durant sa guerre avec l’Iran. L’ami du Belfortain s’étant depuis singularisé dans le meurtre, en pleines séances de conseil des ministres, des conseillers qui lui avaient déplu mais aussi, dans l’assassinat de ses beaux-fils et dans le gazage systématique de minorités ethniques de son propre État !


C’est d’un étrange bon sens et d’une sincérité dangereuse, en plus d’une obstination questionnable, qu’a fait montre Jean-Pierre Chevènement, lorsque à peine un an avant la Guerre du Golfe, il affirmait encore à Saddam Hussein, à Bagdad, « que la France envisageait d’élever ses relations avec l’Irak à un niveau supérieur. » En Haute Galilée, on considère généralement qu’un manque de discernement de la taille de celui de Chevènement dans sa politique irakienne est éliminatoire et on hésiterait à lui laisser son permis de conduire. Ce genre d’erreurs est significatif d’une approche imprudente et elle fait l’économie de considérer les autres projets et les tendances politiques de Jean-Pierre Chevènement.


Puisque nous parlons d’actes d’irresponsabilité, d’Irak et de gaffes d’une ampleur qui exigent que l’on ne regarde que l’homme, en ignorant toutes les considérations périphériques, il faut bien que nous nous consacrions à la conduite du Président Chirac.

En 1974, lorsque Jacques Chirac, alors Premier ministre, se rend à Bagdad, l’Irak se trouve encore dans le giron de l’Union soviétique. Or Saddam Hussein a tant pressé le Kremlin de lui livrer une centrale atomique, que les Russes lui ont finalement construit un petit réacteur de recherche, de la classe IRT-5000, qui pourrait fournir 5 mégawatts d’énergie. En 74, les Soviétiques préféraient pourtant, par mesure de sécurité, limiter la production de l’IRT iraquien à 2 MW.


Devant le refus catégorique de Moscou de soutenir une aventure nucléaire d’un quidam aussi objectivement dangereux que Saddam Hussein, ce dernier s’était tourné vers la France dès 1972. Et Jacques Chirac avait accepté d’engager ce périlleux dialogue, même s’il était conscient que le prétexte officiel avancé par les Irakiens, de produire de l’électricité, ne résistait à aucune analyse. Le sous-sol de l’Irak regorge de pétrole et Chirac aurait du ainsi se rendre compte, que le dictateur de Bagdad n’avait d’intérêt que pour l’arme atomique.


Bien loin de saisir l’immensité du risque qu’il faisait courir à la planète, l’actuel président français acceptait de négocier la dotation de l’Irak en technologie, know-how et combustible français. Ces négociations atteindront leur apogée lors du voyage de Saddam Hussein en France, lorsque le 6 septembre 1975, Chirac accompagne le dictateur irakien à Caradache, où il lui présente divers réacteurs de recherche. Le 18 novembre de la même année, la France signe avec Hussein un contrat prévoyant la livraison à l’Irak d’un réacteur de type « graphite-gaz » d’une puissance de 1500 MW thermiques. Il s’agit déjà d’un acte de déraison, puisque le réacteur que Chirac s’engage à fournir à l’égorgeur de Bagdad est une vraie usine à plutonium. C’est d’ailleurs sur ce genre de technologie que De Gaulle a bâti la capacité nucléaire française.         

L’affaire capote pourtant mais pas à cause d’une réflexion sécuritaire. C’est qu’entre-temps, EDF avait abandonné cette filière de réacteurs pour les réacteurs dits « à eau sous pression », de conception américaine. C’est le 26 août 1976, que l’Irak et la France signent finalement un nouveau contrat d’un milliard de francs pour la construction d’un réacteur. Le réacteur irakien « Osirak » est la copie conforme du réacteur Osiris, qui fonctionne au centre de Saclay. Dans un réacteur de ce type, dit "Piles-piscine", dont le coeur est facile d'accès, il est aisé d’obtenir du plutonium 239, avec lequel on fabrique la bombe A.

Les lecteurs attentifs de la Ména ne sursauteront pas, en apprenant que le gros œuvre d’Osirak (que les Irakiens renommeront Tamuz) a été confié aux entreprises Bouygues, qui contrôlent aujourd’hui TF1. Par contre, de nombreux experts s’entendent pour affirmer que les matériels spécifiques commandés par l’Irak à Saint Gobain Techniques Nouvelles auraient absolument du faire sursauter le gouvernement français, quant aux derniers doutes sur les intentions irakiennes d’utilisation de la future centrale.


Le 7 juin 1981 les Israéliens ont décidé de mettre fin à l’aventure nucléaire chiraco-irakienne, en envoyant leurs chasseurs-bombardiers détruire l’usine de bombes atomiques d’Osirak. Pour les dirigeants hébreux, il était moins une, car l’immersion (la diversion) du réacteur irakien était prévue en septembre 81, date à partir de laquelle il n’aurait plus été possible de raser cette centrale nucléaire, sans prendre des risques environnementaux considérables.


La suite des relations contre-nature entre l’actuel Président français et l’ogre de Bagdad n’est pas encore racontable. Nombreuses sont les voix, qui prétendent que la France aurait reconstruit Osirak. D’autres personnes, sérieuses, croient détenir les preuves, que les gouvernements français auraient fourni à Saddam Hussein deux charges de combustible nucléaire et pas une seule, comme la France l’a toujours affirmé. Dans le cas où ces accusations se vérifieraient, l’Irak disposerait théoriquement aujourd’hui de suffisamment d’uranium français pour confectionner une bombe atomique. Cette inconnue a bien souvent donné des frissons aux responsables américains et israéliens de la sécurité.


A Métula, je pense parfois à ce qu’aurait été la guerre du Golfe, si les Israéliens n’avaient pas détruit la centrale française. En préparant cet article, j’ai parlé à plusieurs savants de l’atome. Tous ceux que j’ai interrogés tiennent pour indiscutable que la finalité de l’utilisation de Tamuz consistait à produire des armes atomiques et que le président actuel de la France ne pouvait pas ignorer ce fait, alors qu’il a entériné les contrats de 1975 et de 1976. Je considère qu’une personne qui pourvoit à la dotation d’un démon politique de la dangerosité d’un Saddam Hussein de l’arme atomique est un être qui ne dispose pas de la jugeote nécessaire pour diriger un bureau de tabac. J’ai parlé de ma réflexion à un ancien chef de l’armée de l’air israélienne, qui a confirmé mes conclusions, en employant des termes largement moins civils à l’endroit de Jacques Chirac.


Le général a encore ajouté : « La gaffe de Chirac était d’une telle ampleur, qu’il devrait édifier dans sa salle à manger une statue aux pilotes qui l’ont réparée et qu’il vienne embrasser les pieds de la statue tous les matins de son existence ! » et de conclure « personne pourtant n’aime les gens à qui il est redevable et cette dette est peut-être à l’origine des amitiés que Chirac nourrit depuis pour nos pires ennemis.»



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