LA justice palestinienne

Pour tous ceux qui se demandent ce que vaut la justice palestinienne : appréciez....

 

 

Au cours de la première Intifada entre 1987 et 1993, plus de 800 collaborateurs présumés ont été tués par les Palestiniens (source : AP)

 

Lla dépêche de l'AFP du 16.03.02 : L'honneur perdu d'un Palestinien lynché pour collaboration

BETHLEEM (AFP) - "Mon fils était innocent. Je n'ai pas peur de parler. Et je dis à Arafat : vous êtes le président, faites cesser ces meurtres et dites à tous qu'Ahmad n'était pas un collaborateur".
Visage ravagé de souffrance et de colère mêlées, Hada Deifallah Nawara défend l'honneur de son fils. Ahmad, condamné à mort par un juge palestinien, a été exécuté sommairement jeudi à Bethléem par des inconnus qui l'ont sorti de sa prison. Un autre homme, condamné à la prison à vie, a également été abattu. "Il avait été emprisonné il y a un an et demi pour collaboration. Mais c'est faux, tout le monde ici sait que c'est faux, la famille d'un martyr (Palestinien mort pour l'Intifada) a même témoigné en sa faveur", enchaîne Hada, tandis que huit femmes, épouse, soeur, amies ou voisines, font bloc autour d'elle. Les photos d'Ahmad, beau garçon de 29 ans, mécanicien et père de deux enfants, circulent dans l'assistance.
"L'autorité palestinienne nous avait dit que le dossier n'était pas clos. Nous n'imaginions pas qu'ils pourraient le tuer, et puis tout à coup on a vu les images à la télé", intervient Mohammed, le père, jusque-là silencieux.
Selon des témoins, les corps des deux collaborateurs ont été laissés dans la rue pendant plusieurs heures. L'un d'entre eux a été traîné sur la place centrale de Bethléem où se trouve la basilique de la Nativité. "Personne ne voulait les toucher, les gens les insultaient et souriaient", raconte un de ces témoins. "Et même s'il avait été un espion. Est-il normal de sortir des gens de leur prison et de les tuer comme ça, dans la rue ?", reprend le père, interrompu par Hada: "Il a été tué parce qu'il savait des choses sur l'Autorité palestinienne. Nous trouverons ses meurtriers, et nous prouverons qu'il n'était pas coupable", tranche-t-elle, tandis que les autres femmes approuvent en relevant bien haut la tête.
Toutes veulent crier leur dignité et leur honneur sans tâche face à l'opprobre. "Aucun de nos voisins ne nous a accompagnés pour prendre le corps, personne ne nous a aidés. Tout le monde regardait et tout le monde souriait", dit Hada, affirmant que sa famille est désormais interdite de travail. "L'Autorité palestinienne nous a tous tués", conclut-elle.
"Ces exécutions sommaires constituent un gros problème pour l'Autorité palestinienne", commente un peu plus tard un haut responsable palestinien de Bethléem, sous couvert de l'anonymat. "Nous allons faire une enquête. Personne ne devrait être autorisé à faire ça", ajoute-t-il. Interrogé sur le bannissement social de la famille, il répond tranquillement: "Nous n'avons rien après eux. Mais les gens sont en colère..." De fait, dans le voisinage, il se trouve peu de monde pour douter de la culpabilité des deux hommes ou pour pleurer sur leur lynchage.
"C'est triste, mais c'était des espions. Tout le monde, à Bethléem, Dheishé, Aïda, Beit Jala (secteur de Bethléem), tout le monde savait. J'ai vu comment les gens ont réagi. Pour moi, il n'y a aucun doute", déclare un chauffeur de taxi, qui affirme avoir perdu plusieurs de ses amis à cause d'indications fournies par des collaborateurs à Israël. "Les espions, on les reconnaît facilement. Ce sont ceux qui n'avaient pas de téléphone, pas de voiture, et qui tout à coup ont plein d'argent et peuvent aller en Israël sans permission", dit-il.
"Ces deux hommes avaient été jugés coupables. Bien sûr, nous nous trouvons là face à une justice sauvage. C'est un peu barbare", estime pour sa part le docteur Abdel Fatah Abou Srour, habitant d'Aïda. Vendredi, deux Palestiniens condamnés à mort pour collaboration ont été tués à Naplouse par un groupe armé proche du Fatah de Yasser Arafat. Ils faisaient partie d'une quinzaine de prisonniers ayant profité des opérations israéliennes des derniers jours pour s'échapper de prison.
Au total, six collaborateurs ont été tués à Bethléem, Ramallah, Naplouse (Cisjordanie) et à Gaza depuis dimanche dernier.

Après la dépêche, les photos :

 

            


Les hommes armés ont emmené les deux hommes à l'endroit même où l'un des dirigeants d'une milice de Bethléem, Hussein Abayat, a été tué dans une attaque ciblée israélienne au missile en novembre 2000. Là, ils ont criblé de balles le corps des deux suspects, les laissant baigner dans une mare de sang devant une foule de curieux dont de jeunes enfants.
L'un d'eux est allé jusqu'à poser son pied sur l'un des cadavres sous l'oeil de photographes et de caméramen.

Les hommes armés ont ensuite attaché le corps de l'un des deux hommes à l'arrière d'une voiture le traînant jusqu'au centre de Bethléem, selon des témoins.

Sur la place de la Nativité près de l'église du même nom où, selon la tradition, Jésus est né, les hommes armés ont alors tenté de pendre le corps depuis le toit du ministère palestinien du Tourisme. Les policiers palestiniens sont intervenus et les miliciens sont repartis en voiture, tirant des coups de feu en l'air.

Depuis le début des violences, il y a près de 18 mois, une vingtaine de collaborateurs ont été tués par les milices palestiniennes, la plupart d'entre eux étant exécutés de nuit. D'autres ont été arrêtés par les forces palestiniennes de sécurité et jugés par des tribunaux expéditifs.

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