Sources : Arouz 7 pour les textes


N'OUBLIEZ JAMAIS

17 Janvier 2001, Il s'appelait Ophir Rahum, il avait 16 ans. Habitant Ashkelon, il est entre en contact, par internet, avec la jeune terroriste qui a immediatement prevenu ses camarades du Fatah. Ces derniers, voyant la l’occasion d’assassiner un Juif, l’ont convaincue de le faire venir a Ramallah afin qu’ils puissent le tuer. Apres avoir reussi a attirer le malheureux garcon a Jerusalem, elle le persuada de monter dans la voiture de ses amis qui les a conduits a Ramallah. A leur arrivee, les terroristes ont sauvagement assassine Ophir Rahum et ont jete son corps, crible de balles, sur la route menant a Psagoth ou il a ete retrouve un peu plus tard. 
La terroriste, responsable de la mort du jeune Ophir Rahum, a ete arretee le vendredi suivant par le Service de securite (le Chabak) et par l’armee israelienne. Son nom est Amina Djoad Mona, 24 ans, elle habite Bir Naballah et possede une carte d’identite israelienne. Elle a exerce en tant que photographe de presse dans un centre informatique et etudie le Travail Social et les Sciences politiques a l’universite de Bir Zeit, ou elle est connue pour son engagement politique, principalement au sein des Tanzim du Fatah. 
Mona a ete interpellee dans un village se trouvant dans la region B, c’est a dire sous controle militaire israelien mais sous autorite civile palestinienne. Au cours de l’enquete, il s’est avere que la terroriste, malgre son appartenance aux Tanzim, pouvait circuler librement en Israel, grace a sa carte d’identite israelienne.

UN TRES BON ARTICLE SUR CE SUJET : 

MEURTRE SUR INTERNET par Michel Gurfinkiel

Ce n'est pas la première fois qu'Internet, l'univers de tous les rêves et de toutes les libertés, conduit au cauchemar. Ce n'est pas la première fois qu'un cybernaute naïf oublie que Web, en anglais, ne signifie pas seulement Toile, mais aussi et surtout Toile d'Araignée, et devient la proie d'un tueur. Ce ne n'est pas non plus la première fois, hélas, que la victime est un enfant. Mais l'affaire Ofir Rahum, qui secoue aujourd'hui Israël, ne relève pas seulement des drames de société. Elle est riche d'enseignements politiques. 
Reprenons les faits, tels que les agences de presse les ont relatés. Ofir Rahum, seize ans, un garçon d'Ashkelon, correspond depuis quelques mois avec une jeune personne et accepte un rendez-vous que celle-ci lui donne à la Gare routière de Jérusalem. La personne en question l'attend, en effet, le fait monter dans sa voiture et l'emmène à quelques kilomètres de là, à Ramallah, dans les Territoires autonomes palestiniens. Un guet-apens y a été organisé. Le jeune Israélien est tué par un groupe de Palestiniens, mutilé, puis enterré sommairement dans un terrain vague.  Le corps est retrouvé au bout de vingt-quatre heures.

Première observation : les éléments les plus matériels de ce récit ne cadrent absolument pas avec l'image d'Israël que tant de médias, en France et ailleurs, se plaisent à diffuser, celle d'un Etat de type colonial ou néo-apartheid,  engagé dans une répression de tous les instants contre des Palestiniens misérables. Il en ressort, bien au contraire,  qu'Israël est une société ouverte, que l'Internet, signe s'il en est de développement socioéducatif,  y est diffusé dans toutes les communautés, y compris chez les Palestiniens des territoires ou les Arabes israéliens,  et ne fait l'objet d'aucun contrôle systématique,  que les Arabes y circulent aussi librement que les Juifs, et que la ligne de démarcation entre Israël proprement dit et les Territoires palestiniens est poreuse. 
Deuxième observation :  le meurtre est perpétré dans les Territoires autonomes. Parce que les meurtriers croient pouvoir y agir impunément. Ils savent en effet que les polices et les milices palestiniennes couvrent  la criminalité anti-israélienne, sous toutes ses formes, du trafic de voitures volées au terrorisme. Ils savent que l'Autorité palestinienne, contrairement  aux engagements qu'elle avait pris dans le cadre des Accords d'Oslo et des accords subséquents, n'a jamais procédé à une seule extradition de criminel ou de terroriste palestinien vers l'Etat juif. 
Troisième observation :  le sadisme que révèle ce meurtre, tant dans sa conception que dans son exécution, n'a rien d'exceptionnel. Il correspond aux fantasmes véhiculés jour à jour par le discours officiel et officieux, arabe ou palestinien, à l'égard d'Israël et du judaïsme. Il s'est déjà traduit par d'autres passages à l'acte tout aussi insoutenables. Faut-il rappeler que c'est dans la même ville autonome palestinienne, Ramallah, que s'est produit, le 12 octobre dernier, le lynchage et le dépeçage public de deux soldats israéliens ? 
Chacune de ces trois remarques mériterait ample réflexion. Mais l'affaire Ofir Rahum peut apparaître également  comme l'épilogue tragique de la noble illusion qui, tout au long des années quatre-vingt-dix, a saisi à la fois Israël et les amis occidentaux d'Israël : l'idée qu'un nouveau Moyen-Orient, fondé sur la révolution technologique, la mondialisation,
l'essor des communications entre pays et entre individus, était en train d'émerger et que la querelle israélo-arabe, dans ce nouveau contexte, allait rapidement se dissiper. Shimon Peres a été le prophète de cette aube radieuse, à travers des livres qu'on ne pouvait lire, lors de leur publication, sans émotion, et qu'on ne peut relire aujourd'hui sans verser des larmes amères.  Rien n'était plus emblématique du nouveau Moyen-Orient qu'Internet. Comment la guerre et la haine pouvaient-elles persister dans un univers où chacun parle à chacun, où l'information circule en temps réel,  où San Francisco est branché sur Hong Kong, Paris sur Berlin, Moscou sur Jérusalem, Dar es Salam sur Kuala-Lumpur ? Les aspects les plus scabreux d'Internet,  chat dévergondé ou téléchargement  rose, étaient eux-mêmes interprétés comme des
instruments de progrès et de paix. L'islamisme le plus étroit, le plus rétrograde ne pouvait pas résister indéfiniment, mon cher Watson, aux dialogues sans tabous et au déferlement des houris cathodiques ...
Les partisans les plus résolus de la paix au Moyen-Orient, de la paix tout-de-suite, de la paix maintenant, de Shalom Akhshav, en étaient à comptabiliser fiévreusement la pénétration d'Internet dans les foyers israéliens et arabes. Hélas, hélas, en 2001 comme tout au long de la décennie précédente, et quelle que fût la croissance globale d'Internet, l'Etat hébreu, à lui seul, enregistrait autant de connections que l'ensemble du monde arabe. Il fallait se rabattre sur quelques chiffres secondaires. Les Emirats arabes unis, par exemple, présentaient un taux élevé de connection. Tout comme les Palestiniens des Territoires autonomes. Ergo, ces deux parties du monde arabe se rapprochaient de la paix. Ce n'était pas le cas ? Simple question de temps, mon cher Watson...
L'affaire Ofir Rahum contraint, aujourd'hui, les Israéliens, les amis d'Israël et d'une manière plus générale les peuples libres et démocratiques, à voir les choses autrement. Internet n'est qu'un outil. Et son emploi dépend de la culture au sein de laquelle on l'utilise. Dans l'Europe libérale du XIXe siècle, les chemins de fer ont été l'instrument de la mobilité géographique et sociale, de l'essor commercial, du brassage des idées. Dans l'Europe totalitaire du XXe siècle, le même chemin de fer a été l'instrument de la Shoa et du Goulag. Il en va ainsi pour Internet. Au service d'une société et d'une culture malades, il se change en instrument de crime et de sadisme.
La paix, au Moyen-Orient ou ailleurs, ne sera pas le résultat des révolutions technologiques ou économiques, mais d'une conversion des c urs. Israël a montré, de façon superlative, qu'il y était prêt. Ses adversaires ont montré, de façon tout aussi superlative, qu'ils s'y refusaient. Le reste n'est que bavardage et brouillard, sanglant brouillard, sur le Web.
///////

Diffusé sur RCJ le 20 janvier 2001.
(c) Michel Gurfinkiel, 2001.



    

Retour à la galerie multimédia